Une journée de repos « officielle » et une autre « officieuse ». L’application du nouveau week-end, devant entrer en vigueur à partir de vendredi prochain, suscite de nombreuses interrogations. Le monde du travail n’a aucune idée de la mise en œuvre de cette décision adoptée lors du dernier Conseil des ministres.
Les fonctionnaires travailleront-ils durant la matinée de vendredi ? Auront-ils droit à deux journées complètes de repos ? La confusion est totale tant et si bien que chacun y va de ses commentaires. La déclaration du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Rachid Harraoubia, concernant l’organisation des heures de travail à l’université, n’a fait que compliquer la situation. Le vendredi reste le jour de repos officiel, le samedi est un jour de repos », a-t-il déclaré lors d’une rencontre avec les recteurs des universités organisée avant-hier à Alger.
Pour l’université, il semble que M. Harraoubia a définitivement tranché : il y aura deux jours de repos. Ainsi dans la semaine, les étudiants n’auront pas compensé la demi-journée de cours dispensés chaque jeudi matin actuellement. Il a d’ailleurs instruit les responsables des universités « à revoir leur planning pour bien gérer cette situation et récupérer les cours donnés jeudi dans l’ancien système ». Mais pour l’administration publique, les APC, les daïras et le secteur de l’éducation, rien n’est encore clair pour le moment. Même la direction de la Fonction publique, qui a diffusé, il y a quelques jours, un nouveau calendrier dans lequel est présentée la répartition des horaires de travail, a reconnu l’existence d’une incompréhension. « Il y a une confusion. Nous sommes en train de préparer un nouveau communiqué pour donner plus de précisions. Il y a un travail qui se fait actuellement. Je ne peux pas vous donner de détails tant que le communiqué n’est pas signé. En tout cas, ce document sera rendu public demain (aujourd’hui, ndlr) », affirme un responsable de la direction générale de la Fonction publique (DGFP) que nous avons contacté, hier. Comment sera aménagé le week-end algérien ?
Les citoyens sont dans l’expectative. Ils se posent, eux aussi, la question de savoir si le vendredi sera une journée de travail ordinaire ou si elle continuera à être « sacrée » comme c’est le cas depuis 1976, date de l’abandon du week-end universel par l’Algérie. Même si la religion – argument invoqué pour rejeter l’idée du retour au week-end universel – n’interdit pas aux gens de travailler après avoir accompli leur prière, les Algériens se montrent toujours réticents au changement de cette habitude. En outre, les citoyens qui profitent présentement de la journée de jeudi pour préparer des documents administratifs craignent également d’être pénalisés. Comment récupérer la demi-journée du jeudi ? A moins que les pouvoirs publics décident de contraindre les fonctionnaires à être présents dans leurs bureaux durant la matinée de vendredi, la compensation des heures de travail assurées durant le jeudi sera difficile. En somme, le gouvernement a-t-il un plan précis pour la continuation des missions du service public ? D’aucuns considèrent que les pouvoirs publics se compliquent la tâche. Pourtant, des exemples existent partout dans le monde musulman. Dans de nombreux pays arabes ayant adopté le week-end universel ou semi-universel, le vendredi est une journée de travail ordinaire. La prière de vendredi ne leur a jamais posé problème. Il semble qu’en Algérie, on veut toujours faire l’exception. Même dans l’organisation du week-end. Pour rappel, la DGFP a publié récemment un communiqué dans lequel il a présenté la nouvelle répartition des horaires de travail. « Les fonctionnaires travailleront ainsi du dimanche au jeudi à partir du 14 août », souligne la DGFP.
Par Madjid Makedhi, pour El Watan