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Le groupe pétrolier français Total Energies a officialisé, le 18 février, la cession de ses actifs au Burkina Faso. Cette décision intervient quelques semaines après une démarche similaire au Mali, ce qui souligne un retrait progressif de la compagnie française de certains marchés africains. L’opération au Burkina Faso a été réalisée en faveur de Coris Investment Group, une société dirigée par l’homme d’affaires burkinabè Idrissa Nassa. Ce partenariat s’inscrit dans la volonté de Total de réorienter ses activités en Afrique, en fonction de l’évolution de son portefeuille.
Total Energies a officialisé la cession de ses actifs au Burkina Faso. La transaction a été annoncée par Badara Mbacké, responsable du développement commercial pour l’Afrique de l’Ouest chez Total, lors d’une rencontre avec le ministre burkinabè de l’Industrie, Serge Gnaniodem Poda. M. Mbacké a confirmé que l’accord visait à céder les actifs pétroliers de Total à Coris Investment Group, un acteur bien établi dans le secteur bancaire et de l’assurance au Burkina Faso, qui diversifie désormais ses activités dans l’énergie. Bien que l’accord ait été signé, il est encore soumis aux approbations réglementaires nécessaires pour finaliser la cession des actifs dans le pays.
Un retrait stratégique en Afrique de l’Ouest
Cette vente au Burkina Faso fait écho à la cession des actifs de Total au Mali, en janvier dernier, à Coly Energy Mali, en partenariat avec Benin Petro SA. Ce retrait de Total Energies est un signe de la volonté du groupe de redéfinir sa stratégie en Afrique de l’Ouest, notamment dans des contextes géopolitiques. Au Mali, l’accord avait permis de maintenir les 1 109 employés de l’entreprise locale, ce qui a assuré une certaine continuité des activités sur le terrain. Ce genre de décision de Total semble être dicté par plusieurs facteurs, notamment les défis liés à la sécurité, les tensions politiques et les perspectives économiques sur ces marchés africains.
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La vente de ces actifs à des entreprises locales comme Coris Investment Group et Coly Energy Mali semble être une stratégie de désengagement progressive du groupe français dans certains pays d’Afrique. La présence accrue de sociétés africaines dans le secteur énergétique est également un signe du développement du marché local, où les investisseurs locaux prennent de plus en plus de place. Les décisions récentes de Total Energies de se retirer de certains pays d’Afrique ont des répercussions sur les relations entre la France et ses anciennes colonies, en particulier dans le contexte des tensions croissantes.
Rapprochement avec des puissances étrangères hostiles
Ces dernières années, les relations entre la France et plusieurs pays africains, comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont été marquées par des frictions diplomatiques. Le retrait de Total du Mali, après plusieurs années de présence dans le pays, a été perçu comme un signal fort, alors que Bamako, sous le régime de la transition militaire, a pris ses distances avec la France. Le Mali, en particulier, a récemment intensifié sa coopération avec des pays comme la Russie, dans le cadre de l’opération militaire Wagner, suite au départ des troupes françaises.
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Ce changement stratégique a compliqué les relations avec Paris, qui accuse le gouvernement malien de se rapprocher de puissances étrangères hostiles à ses intérêts en Afrique. Le retrait de Total Energies pourrait être interprété comme une conséquence indirecte de cette évolution diplomatique, ce qui renforce la perception d’une France qui perd son influence dans la région au profit d’acteurs non occidentaux.
Des actions similaires ailleurs en Afrique
Total Energies n’est pas seule à revoir ses investissements en Afrique. De grandes entreprises pétrolières, confrontées à des défis sécuritaires et à des changements géopolitiques, ont également réajusté leur présence sur le continent. Ces retraits s’inscrivent dans une tendance où des multinationales cherchent à réduire leur exposition à des risques politiques ou sécuritaires, et à se concentrer sur des marchés plus stables.
Dans ce contexte, les tensions entre Paris et Bamako sont la preuve d’une situation très compliquée. Alors que la France perd une partie de son influence dans certains pays d’Afrique, d’autres acteurs, notamment russes, chinois et turcs, gagnent du terrain. Ces changements géopolitiques et économiques ont un impact direct sur les activités des entreprises françaises, comme Total Energies, qui doivent naviguer entre des impératifs commerciaux et des dynamiques diplomatiques de plus en plus tendues.