Contrôlée mardi 17 juillet alors qu’elle vend des fruits sans autorisation dans le quartier de la Goutte-d’Or, à Paris, Josiane est brutalement interpellée par la police. Relâchée le lendemain sans qu’aucune charge ne soit retenue contre elle, elle aurait décidé de porter plainte à l’Inspection générale des services de la police. Le syndicat policier Alliance rejette toute faute et dénonce l’hostilité des associations à l’égard des forces de l’ordre.
La lutte contre la vente à la sauvette requiert les grands moyens. C’est ce qu’ont dû penser les policiers intervenus mardi 17 juillet sur le marché de la rue Dejean, dans le quartier parisien de la Goutte-d’Or. Plusieurs agents des forces de l’ordre étaient venus contrôler les vendeuses ambulantes. Josiane et ses safous (fruit originaire du Cameroun) en ont faits les frais. Aujourd’hui, elle aurait décidé de porter plainte à l’Inspection générale des services (IGS).
Josiane a ses papiers – un permis de séjour de 10 ans – mais son activité demeure illégale. Elle aurait, selon une de ses amies, tenté de négocier une contravention pour conserver sa marchandise. Il est 18 heures, de nombreux témoins forment un cercle autour de la scène. C’est alors que les policiers l’auraient brutalisé, mise à terre et frappée. Josiane est enceinte de huit mois.
Aucune charge retenue
Interrogée par un journaliste de Libération, la victime raconte la suite de son calvaire : «Ils m’ont jetée dans la voiture, explique Josiane. Je me suis retrouvée allongée à l’arrière. Le policier est monté sur mon dos, et il me tabassait. Il me donnait des coups sur la tête, de gauche à droite.» Une acheteuse, enceinte elle aussi, tente d’intervenir. Les agents sécurisent la zone. Elle recule mais prend un coup de matraque dans la confusion générale. Elle sera conduite à l’hôpital par les pompiers.
Josiane est emmenée au commissariat de la Goutte-d’Or. Elle est désormais accusée d’«outrage à dépositaire de la force publique». Présent sur les lieux de l’arrestation, mais impuissant face aux forces de l’ordre, son mari tente de prendre des nouvelles. Sans succès. Ce n’est que vers une heure du matin que les policiers l’auraient conduite à l’hôpital pour être examinée. Heureusement, plus de peur que de mal pour son fœtus. Les médecins lui délivrent néanmoins un certificat de constatations de lésions qui indique des «cervicalgies aiguës», rapporte Libération. La jeune femme passera la fin de sa détention à l’Hôtel Dieu dans la division semi-carcérale. Libérée mercredi midi, la Jeune Femme apprend qu’aucune charge n’est finalement retenue contre elle.
Des techniques d’immobilisation réglementaires
Pour François Maçon, représentant du syndicat Alliance, rien aujourd’hui ne justifie les critiques : « Il n’existe aucune consigne particulière pour les vendeurs à la sauvette. Les policiers n’ont fait que leur travail dans un quartier sensible. Ces situations sont souvent difficiles et les forces de l’ordre doivent intervenir très rapidement. Il est parfois nécessaire d’utiliser des techniques d’immobilisation réglementaires sur les hommes comme sur les femmes. »
Mardi matin, aucun dépôt de plainte n’avait été encore confirmé par la Préfecture de police. François Maçon dénonce le rôle des « associations » qui gravitent dans le quartier et qui sont systématiquement hostiles aux forces de l’ordre. Dans un tract diffusé lundi, son syndicat s’est étonné de l’abandon par le parquet de toute poursuite contre la jeune femme. Une décision qui elle aussi n’est pas vraiment favorable aux policiers.
Par Julien Camboulives