Togo : les riverains du siège de l’UFC empêchés de vivre normalement


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Depuis dix jours, la rue où se situe le siège du parti d’opposition togolais est bouclée par les forces de l’ordre. Cette occupation indispose les quelques riverains qui ne se sentent plus à l’aise dans leur quartier. Ils se disent même empêchés de mener une vie normale. Reportage.

La rue Sedome, qui abrite le siège du parti d’opposition l’Union des Forces du Changement (UFC), était interdite d’accès. Pour tenter d’empêcher le congrès extraordinaire d’une frange du parti prévu le 10 août dernier, une forte présence policière s’est installée dans cette rue et ses alentours. Même si aujourd’hui, la tension semble être redescendue, les policiers n’ont pas déserté ce secteur. Cette récente occupation a été très mal vécue par les riverains. Les vendeuses de nourriture, les curieux mais surtout les militants attroupés devant les murs jaunes, couleur du parti, ont été priés de plier bagages.

À leur place, deux fourgonnettes et une dizaine de policiers. « Je travaille dans cette rue mais mardi, ils ont refusé que j’y accède. J’ai dû retourner à la maison et je n’ai rien fait de la journée », explique une dame qui a souhaité garder l’anonymat. Une habitante de la rue confirme : « Depuis que les gendarmes sont là, on ne peut pas sortir car ils refusent de nous laisser aller et venir. Même nos clients ne peuvent pas entrer dans la rue. » Une autre précise : « on doit les supplier avant qu’ils nous laissent passer. » Une situation qui fait peur à la plupart d’entre eux.
« On n’est plus à l’aise dans le quartier. On ne peut pas porter un t-shirt jaune, assimilé à la couleur du parti. Ils ont même arrêté deux personnes qui passaient par là. Certains voisins ont même placé leurs enfants à l’abri dans d’autres quartiers de la ville » explique-t-elle, précisant vouloir partir à Cotonou, au Bénin, à cause de la présence des forces de l’ordre. Non loin de là, une dizaine de policiers armés et munis de gaz lacrymogènes gardent encore le siège fermé.

Les jours suivants, reconnaissant les riverains, les policiers ont allégé les contrôles. Du moins, pour les femmes du quartier. Pour les hommes, c’est toujours aussi compliqué d’accéder à leur domicile. « Les hommes ont plus de problèmes que nous. Ils ont tous fui les environs car ils sont davantage pris à partie par les policiers. » Si la plupart rêveraient de partir s’installer dans un autre coin de Lomé, rien n’est moins simple. « Nous nous sommes installés là avant que le siège de ce parti ne vienne ici. Notre souhait serait de partir mais ce n’est pas si facile financièrement, et pour aller où ? »

Les policiers, les nouveaux voisins

Depuis début mars, de nombreux troubles ont émaillé la vie de cette rue autrefois tranquille. Pour ces habitants, leur quotidien est chamboulé. « Lorsque les policiers lancent des gaz lacrymogènes, l’odeur vient jusque dans nos maisons et on doit se laver les yeux.» Même les activités les plus simples sont découragées. « Lorsqu’on discute à trois ou à quatre personnes dans la rue, ils nous dispersent ou nous interrompent pour nous demander ce qu’on se dit ». Sans doute considérés comme des militants ou des sympathisants, les riverains subissent également des violences lors des affrontements entre adhérents et force de l’ordre. « Lorsque cela chauffe, il arrive souvent qu’ils entrent dans nos maisons pour nous tabasser même quand des jeunes gens ne sont pas venus se réfugier chez nous. »

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