Le Togo s’enflamme après l’arrestation et l’extradition clandestine de l’activiste béninois Steve Amoussou.
L’arrestation de Steve Amoussou, alias Frère Hounvi, un cyber-activiste béninois exilé au Togo, a déclenché une véritable tempête de protestations au sein de la société civile togolaise. L’indignation ne cesse de croître depuis son extradition soudaine et mystérieuse vers le Bénin début août. Alors que les détails de cette opération controversée commencent à émerger, les voix s’élèvent contre ce qui est perçu comme une grave violation des droits des exilés politiques, mettant en lumière un climat de répression inquiétant dans le pays.
L’arrestation surprise d’un activiste en exil
Le 12 août 2024, Steve Amoussou, bien connu sous le pseudonyme de Frère Hounvi pour ses critiques acerbes contre les autorités béninoises, a été arrêté de manière inattendue à Lomé. Cet événement a surpris non seulement la communauté béninoise en exil, mais aussi les organisations de la société civile togolaise. Frère Hounvi, qui s’exprimait régulièrement sur les réseaux sociaux, était depuis longtemps une épine dans le pied du gouvernement béninois. Pourtant, personne ne s’attendait à ce qu’il soit saisi aussi brutalement par des individus non identifiés avant d’être livré aux autorités béninoises.
Les réactions n’ont pas tardé à se manifester après l’extradition du militant. Les organisations de la société civile togolaise, notamment l’Association des Victimes de la Torture au Togo (ASVITTO), ont dénoncé cette opération comme une violation flagrante des conventions internationales sur la protection des réfugiés politiques. Dans un communiqué cinglant, Monzolouwè Atcholi Kao, défenseur des droits de l’homme et président de l’ASVITTO, a qualifié l’arrestation et l’extradition de Frère Hounvi de « grave violation des règles qui régissent les conditions d’interpellation au Togo ».
Un silence inquiétant des autorités togolaises
Le mutisme des autorités togolaises face à cette affaire n’a fait qu’amplifier les préoccupations. Plusieurs organisations de la société civile ont exprimé leur inquiétude dans un communiqué publié le 22 août 2024, soulignant que ce silence est non seulement suspect mais aussi révélateur d’un manque de transparence flagrant. Elles ont également rappelé que cette arrestation contredit la constitution togolaise de 1992, qui garantit des droits fondamentaux aux exilés politiques.
Cette affaire met en lumière une situation plus large et préoccupante au Togo. Avec plus de 93 prisonniers politiques recensés dans le pays, la société civile craint une montée en puissance de la répression politique. L’arrestation de Steve Amoussou n’est que le dernier exemple en date d’une tendance inquiétante où les droits humains et les libertés fondamentales sont de plus en plus bafoués. La société civile, quant à elle, reste déterminée à obtenir des explications et à lutter pour la protection des droits des exilés politiques sur le sol togolais.