De nouvelles manifestations sont prévues les 20 et 21 septembre prochains au Togo, qui traverse actuellement une crise institutionnelle sans précédent. Dimanche 17 septembre, la Conférence des évêques du Togo (CET) a demandé au pouvoir de Faure Gnassingbé d’opérer urgemment les réformes demandées par le peuple.
Il y a quelques jours, quatorze partis politiques de l’opposition ont appelé les populations à manifester les 20 et 21 septembre, après les marches de revendication des 6 et 7 septembre derniers à travers tout le pays et dans la diaspora. Depuis le 19 août, la tension monte au Togo?: les partis d’opposition réclament le retour à la Constitution de 1992. Cette loi fondamentale avait subi le 31 décembre 2002 une modification controversée, supprimant la limitation du nombre de mandats présidentiels. Actuellement, un avant-projet de loi portant modification des articles litigieux a été annoncé par le gouvernement, le 5 septembre, et est à l’étude à l’Assemblée nationale.
Les évêques veulent contribuer à la « paix sociale »
Dans ce contexte, c’est une déclaration forte que les évêques togolais ont publiée, dimanche 17 septembre. Dans un texte lu devant plusieurs leaders politiques, des prêtres, des religieux et une foule de chrétiens, ils ont clairement dénoncé la situation sociopolitique du pays.
D’emblée, l’épiscopat togolais a imploré « la lumière de l’Esprit Saint sur les plus hautes autorités de [notre] Pays afin qu’elles opèrent urgemment les réformes demandées par le peuple conformément à la Constitution de 1992 ». Mgr Denis Amuzu-Dzakpah, archevêque de Lomé, qui a lu cette déclaration au nom de tous les évêques togolais, a indiqué que les évêques, préoccupés par la situation, ont collégialement « jugé opportun d’organiser dans tous les diocèses, une prière de supplication en faveur de la paix, plus précisément en faveur des réformes institutionnelles et constitutionnelles ».
Cette déclaration inédite a été lue dans tous les diocèses du pays. Dans la cathédrale de Lomé, l’évêque a précisé que la Conférence des évêques du Togo apporte « sa contribution, par devoir, pour la préservation de la paix sociale dans le pays ». « Les évêques sont des prophètes de la vérité, ils sont des guides spirituels qui disent dans quelle voie il faut aller », a-t-il également estimé.
Les évêques n’hésitent pas à interpeller l’armée togolaise en l’exhortant à « adopter une attitude républicaine » en évitant « toute immixtion dans le débat politique », et les responsables des institutions de la République à « éviter d’afficher publiquement leur appartenance politique ». Les sept évêques togolais appellent également les « leaders politiques à éviter d’organiser le même jour des manifestations antagonistes, de peur que ces rassemblements ne débouchent sur des affrontements ».
Portée du message
Au Togo, de nombreuses déclarations, messages et lettres pastorales ont déjà été publiés sur la crise sociopolitique que traverse le pays. Mais depuis presque 30 ans, c’est la première fois que de façon directe et synchronisée dans chaque diocèse, l’Église du Togo tient un tel discours. La conférence des évêques du Togo a, en outre, appelé les fidèles catholiques à prier le chapelet pour implorer le pardon mutuel et la paix dans les cœurs.
« La gravité du moment mérite que les évêques se prononcent, et ils l’ont fait de manière assez claire, avec une solennité particulière cette fois-ci », a confié à La Croix Africa Me Djovi Galy, avocat à la cour d’appel de Lomé, catholique et homme politique venu écouter le discours des évêques.