Togo : le prochain Président doit faire de la protection des droits humains une priorité


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Le Président togolais, Faure Gnassingbé
Le Président togolais, Faure Gnassingbé

Au Togo, le prochain chef de l’Etat est attendu sur bien des points, notamment l’objectif de faire de la protection des droits humains une priorité. C’est du moins l’avis d’Amnesty International, qui interpelle le prochain Président de ce pays d’Afrique de l’Ouest.

  • Des lois liberticides compromettent la liberté d’expression
  • Au moins 25 personnes, dont des enfants, tuées dans le contexte de manifestations depuis 2015
  • Des prisons surpeuplées avec un taux d’occupation de 186%
  • Un climat d’impunité pour les forces de sécurité

 

Le prochain Président du Togo doit s’engager à protéger le droit à la vie, promouvoir et respecter la liberté d’expression et de manifestation pacifique, améliorer les conditions de détention et lutter contre l’impunité des forces de sécurité, a déclaré Amnesty International aujourd’hui.

Alors que la campagne électorale pour l’élection présidentielle du 22 février prochain s’est ouverte, l’organisation adresse aux sept candidats un document public leur demandant un positionnement ferme en faveur des droits humains.

Intitulé « Engagement pour la promotion et le respect des droits humains au Togo », le document propose des mesures concrètes pour promouvoir et protéger les droits humains conformément aux obligations internationales et régionales du pays en la matière.

« Aujourd’hui, le Togo est confronté à de nombreux défis en matière de droits humains. Des enfants ont été tués lors de manifestations et leurs proches attendent toujours que justice soit rendue. Internet a été coupé à plusieurs reprises en dehors de toute procédure légale. Alors que les prisons sont toujours surpeuplées, de récentes lois menacent la liberté d’expression et de manifestation », a déclaré François Patuel, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International.

« Les candidats doivent être à la hauteur de ces défis et prendre des engagements clairs pour la protection des droits humains ».

Ces dernières années, les manifestations au Togo ont pour la plupart été réprimées par les forces de sécurité. Depuis 2015, 25 manifestants ou de simples passants sont morts alors qu’ils exerçaient leur droit à la liberté de manifestation.

Plusieurs étaient encore mineurs. Les élèves Joseph Zoumekey et Rachad Maman, âgés respectivement de 13 ans et 14 ans, ont été tués par balle en 2017. Malgré les plaintes déposées par leurs proches, aucun responsable de ces crimes n’a encore été poursuivi et les familles ne sont pas tenues informées de l’évolution des enquêtes.

Amnesty International appelle les candidats à s’engager, en cas de victoire, à ce que des enquêtes exhaustives, impartiales et indépendantes soient ouvertes sur les allégations d’atteintes aux droits humains et à ce que les auteurs présumés soient traduits en justice dans le cadre de procès équitables.

L’organisation invite le prochain président à s’assurer que l’armée ne soit plus déployée lors des opérations de maintien de l’ordre et que les forces de sécurité n’aient plus recours à un usage excessif de la force. La législation en matière de recours à la force doit être en conformité avec les standards internationaux.

De récentes lois liberticides votées au Togo durcissant les conditions d’organisation de manifestation et de réunion doivent être abrogées. Elles donnent aux autorités le pouvoir, par exemple, d’interdire toute manifestation sur une période pouvant aller jusqu’à deux mois.

Le surpeuplement des prisons et le recours quasiment systématique aux détentions préventives sont inquiétants. En décembre 2019, les prisons togolaises avaient un taux d’occupation de 186%, selon les chiffres officiels. 63% des détenus étaient en détention préventive.

Les candidats doivent s’engager à s’assurer que la liberté reste la règle et la détention l’exception, afin de désengorger les prisons. Ils doivent également prendre des mesures pour améliorer les conditions de détention.

Au Togo, la torture et les mauvais traitements sont encore pratiqués, notamment durant les arrestations et les périodes de garde à vue. Toutes les allégations de torture ou autres mauvais traitements doivent faire l’objet d’enquêtes indépendantes et impartiales.

Enfin, le prochain président doit s’engager à garantir l’indépendance de la justice. Des tribunaux doivent être dotés de moyens humains, techniques et financiers, leur permettant d’exercer leurs fonctions en toute indépendance.

« La situation des droits humains s’est détériorée au Togo ces dernières années et les propositions de mesures à prendre pour y remédier doivent être au cœur de la campagne électorale », a déclaré François Patuel.

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