Les Togolais ont massivement répondu à l’appel de marche pacifique lancé par le Collectif « Sauvons le Togo » ce mardi 12 juin. Au menu des revendications, la mise œuvre des recommandations de la Commission nationale des droits de l’Homme sur la torture, les réformes constitutionnelles et institutionnelles, la réouverture de radio X Solaire, le rétablissement dans leurs droits des neuf députés exclus.
(De notre correspondant)
Ils étaient plus de 100 000 à battre le pavé pour cette cause qui leur est commune, sous la fine pluie qui arrosait Lomé ce mardi matin. Cette marche suivie d’un sit-in a connu son point de chute au carrefour de Dékon à Lomé où tout semblait si bien aller au point que l’un des responsables de la Confédération syndicale des travailleurs (CST), Me Zeus Ajavon, très surpris, a déclaré : « Je sais que le divorce entre le pouvoir et les populations est profond, mais je ne savais pas que les Togolais allaient répondre aussi massivement à notre appel ».
Malgré la rencontre qui a eu lieu entre les ministres de la Sécurité et de l’Administration territoriale et les responsables du Collectif « Sauvons le Togo », malgré la sortie médiatique de ses dirigeants sur la chaîne nationale togolaise rassurant les populations que la manifestation serait encadrée conformément aux règles, tout a dégénéré lors du sit-in à Deckon, lorsque les manifestants ont été violemment dispersés par des grenades lacrymogènes, les conduisant ainsi à riposter.
« Les manifestants ont dépassé le seuil de l’admissible en agressant les forces de l’ordre », indique une source policière.
On dénombre plusieurs blessés parmi les forces de l’ordre mais aussi parmi les journalistes, ainsi que Agbéyomé Kodjo, le Président du parti politique OBUTS qui, après avoir été légèrement blessé a déclaré, « je suis sain et sauf et plus que jamais déterminé à en finir avec le despotisme archéologique qui régente la vie des Togolais. Alors que rien ne prédisposait à la résurgence de la violence, des soldats anti républicains, au service des conservateurs, ont ouvert le feu des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc contre les manifestants à cent mètres du Carrefour de Dékon. Poursuivi, j’ai dû me retrancher dans une maison où un soldat a eu l’outrecuidance de me poursuivre en tirant à ma suite des coups de gaz lacrymogène. Il a fallu trouver un autre refuge, et je me suis découvert des qualités d’un athlète olympique en franchissant non sans risques et blessures un mur très haut ».
Des dizaines d’autres ont été arrêtés et détenus dans les commissariats et sont privés de visite et de nourriture, d’après le communiqué du CST sorti la nuit du mardi. La pluie a cessé dans l’après midi et la nuit est tombée sur la capitale togolaise ce mardi 12 juin. Mais la détermination des manifestants est toujours intacte. Malgré les blessés et les arrestations, les manifestants se sont maintenus sur le lieu du sit-in pour la suite des manifestations jusqu’à satisfaction totale des revendications.
Ce mercredi 13 juin sera encore pour le Collectif « Sauvons le Togo », une nouvelle page de lutte pour des élections équitables et démocratiques, la mise en œuvre des recommandations de la CNDH sur la torture, la réouverture de radio X Solaire et le rétablissement dans leurs droits des neuf députés exclus.
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