Le guide de la révolution libyenne, Mouammar Khadafi, a séjourné au Togo du 13 au 15 Juin dernier. Un voyage qui lui a offert une nouvelle occasion de prôner les « grandeurs de l’islam » et sa ferme volonté de réaliser les « Etats-Unis d’Afrique ».
Notre correspondant à Lomé
Au cours de son séjour, le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a animé à Sokodé (environ 300 km au nord de Lomé) et à Lomé deux grands meetings. Mouammar Kadhafi a salué le pacifisme avec lequel la propagation de la religion musulmane se fait au Togo. « L’islam a réalisé ici une victoire sans recourir à l’épée, sans recourir à la guerre. Et ça on peut le considérer comme la première réponse à tous ceux qui disent que l’islam a été propagé à l’ombre de l’épée et de la guerre », a fièrement déclaré le guide libyen.
Il s’est dit heureux que des centaines de millions d’âmes attachent leur foi à Allah avant de prétendre que « l’islam est la meilleure religion ». Et d’ajouter qu’«il serait dommage que les gens campent sur une religion autre que l’islam».
Devant des milliers d’âmes réunies au stade Kégué (banlieue nord de Lomé), la campagne de Kadhafi était plus axée sur les enjeux que revêt son ambition de réaliser les Etats-Unis d’Afrique.
« La CEN-SAD devra réaliser l’Union Africaine véritable », a-t-il estimé, avant de mettre en garde les mains noires qui tentent de semer la discorde entre les états africains, portant du coup un frein à cette union africaine qui lui tient à cœur. «Il y a parmi nous des réactionnaires et des traîtres qui estiment qu’il faut d’abord bâtir nos régions avant de penser à la construction des « Etats Unis d’Afrique», a affirmé M. Kadhafi.
Il a même menacé de les dénoncer, si ses pairs ne font aucun d’effort avant le prochain sommet qui est prévu en juillet. «Aujourd’hui, ils sont avertis: soit ils prennent une décision cruciale ou alors je vais les clouer au pilori devant les masses populaires, car l’unité africaine est pour les peuples et non pour une poignée des dirigeants», a-t-il clamé. «Aujourd’hui, tous les autres continents s’unissent, sauf l’Afrique», s’est-il inquiété.
Pour le guide Libyen, les dénominations crées par le colonisateur du genre Afrique de l’ouest, du centre, de l’est, du nord et australe doivent dorénavant disparaître. Il était accompagné dans ses différents mouvements du Président togolais, Faure Gnassingbé et des membres du gouvernement.
Khadafi, le bon samaritain
Comme on le sait magnanime, le Guide de la révolution a offert au Togo une enveloppe de 12 milliards de francs CFA (soit 21 millions ‘euros) par l’entremise de la Libyan Arab African Investment Company (LAAICO). Ces fonds serviront à restaurer l’Hôtel du 2 février, le plus grand hôtel du Togo (en constant délabrement), haut de 36 étages et disposant de 368 chambres. « Nous voulons rénover l’Hôtel du 2 février parce qu’il est dégradé », a déclaré Agili Mohamed, président directeur général de LAAICO.
Ledit hôtel a peiné à trouver preneur depuis bientôt un an, tant les investisseurs ont trouvé les 12 milliards trop élevés par rapport à leurs poches. La modernisation du « 2 février » s’inscrit dans la perspective de l’organisation, au Togo, en juillet 2009 du 11e sommet de la CEN-SAD, précise la même source.
D’autres enveloppes dont les montants n’ont pas été communiqués ont également été offertes aux populations de Sokodé, une ville purement musulmane. Ces fonds, précise-t-on, vont servir à doter la ville de biens sociaux.
Lors de son passage au Togo en 2000, le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, a financé la construction d’une mosquée dans la même ville. Arrivé le vendredi par le Nord du Togo, le colonel Kadhafi a quitté Lomé dimanche par voie terrestre en direction de Cotonou, au Bénin, où il assiste ces 17 et 18 juin au 10e sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté des Etats sahélo-sahariens (Cen-Sad).
Kadhafi, l’incompris ?
Au Benin, il donnera encore de la voix pour une unité de l’Afrique. Il avait déjà menacé en janvier de quitter l’UA « si l’unité ne se réalise pas ».
La majorité des Etats membres de l’Union Africaine (UA) prônent un renforcement progressif des structures régionales, quand Kadhafi veut aller à grand pass. Ce qui l’a souvent amené à hausser le ton. « La Libye va tourner le dos à l’Afrique et se tournera vers une autre alternative, arabo-méditerranéenne ou euro-méditerranéenne », avait-il lancé à la veille du 10e sommet de l’Union Africaine à Addis Abeba.