La composition du gouvernement d’union nationale, avec le lequel le Président togolais Faure Gnassingbé va diriger le pays, a été rendue publique lundi soir. Dans l’équipe du Premier ministre Edem Kodjo, beaucoup de nouvelles têtes, mais aucune de l’Union des forces du changement. Le principal parti d’opposition demandait en effet l’instauration d’un gouvernement de transition.
C’est officiel depuis lundi : trente ministres et secrétaires d’Etat composent le nouveau gouvernement du Premier ministre togolais Edem Kodjo. La plupart de ses membres appartiennent à la mouvance présidentielle, le Rassemblement du peuple togolais. La plupart, car, souhaitant un gouvernement d’union nationale, Faure Gnassingbé, fils de feu Gnassingbé Eyadéma, a laissé une petite place aux oppositions dite radicale et modérée. Mais l’Union des forces du changement, principal contre-pouvoir, reste absent dans le cercle ministériel, protestant contre le fait que les hommes et femmes en place ne le soient pas de façon transitoire.
Opposition « radicale » et « modérée » au gouvernement
Sur les 30 postes alloués, on compte 22 nouveaux venus, trois changements de postes et cinq qui conservent leur fauteuil. Parmi eux, Kpatcha Gnassingbé, l’un des fils du chef d’Etat décédé, qui glane le portefeuille de ministre délégué à la présidence de la République, chargé de la défense et des anciens combattants. Côté opposition, on retiendra notamment l’entrée à la Justice de l’avocat Jean Tchessa Abi, du Pacte social pour le renouveau, l’un des six partis de la branche dite radicale [[<*>Outre le Pacte social pour le renouveau (PSR), l’opposition dite radicale est constituée du CAR (Comité d’Action pour le Renouveau), de l’Union des forces du changement (UFC), de la Convention démocratique des peuples africains (CDPA), de l’Alliance pour la Démocratie et le développement (ADDI) et de l’Union pour la démocratie et la solidarité (UDS)]]. Zarifou Ayéva, à la tête du Parti pour la démocratie et le renouveau (l’une des plus importantes formations de l’opposition « modérée »), devient pour sa part ministre d’Etat, ministre des Affaires Etrangères et de l’Intégration africaine. Alors que le bâtonnier de l’ordre des avocats du pays, Maître Loreta Mensah Akuété, proche de la coalition « radicale », prend place à la tête du ministère des Droits de l’Homme, de la Démocratie et de la Réconciliation.
L’UFC, également membre de la coalition « radicale », n’a pas souhaité faire partie du présent gouvernement. Son leader, Gilchrist Olympio, en exil en France, a expliqué, samedi lors d’une conférence de presse, que cela ne serait pas possible sans « dialogue » préalable et un accord sur les modalités de sa participation. L’opposant historique précise que si sa formation entre dans le gouvernement, il devra être « de transition, chargé de préparer les scrutins à venir, et non un gouvernement d’union nationale ».
Un gouvernement d’une durée de vie limitée
Comment expliquer que certains acteurs de l’opposition « radicale » ont décidé d’accepter un poste ministériel ? Maître Jean Tchessa Abi, du PSR, nous donne ses motivations. « Dans un premier temps, la coalition « radicale » a souhaité obtenir le poste de Premier ministre pour arracher de nouvelles élections et assurer la démocratie, mais cela nous a été refusé. Après réflexion et une consultation avec la base, nous avons décidé de rentrer dans le gouvernement pour consolider le processus démocratique au Togo. C’est pourquoi nous avons demandé un ministère de poids, celui de la Justice », souligne l’homme de loi.
L’équipe ministérielle aura une durée de vie relativement limitée, a indiqué à Afrik le nouveau ministre de la Justice. Il aura pour tâche de « poursuivre l’application des 22 engagements pris auprès de l’Union européenne en avril 2004, d’instaurer un dialogue national crédible et d’organiser des élections législatives », énumère-t-il. Scrutin après lequel un nouveau gouvernement devrait être formé.