Togo : Akpehou Djonda à la Biennale Internationale des Métiers d’Art de Paris


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Akpehou Gustave Djonda 4
Akpehou Gustave Djonda 4

Révélations : tel est le titre de la Biennale Internationale des Métiers d’Art et de Création qui se tenait à Paris, du 7 au 11 juin, dans le cadre splendide du Grand Palais éphémère, sur le Champ de Mars, au pied de la Tour Eiffel. Le mot ne pouvait pas être mieux choisi pour Akpehou Gustave Djonda, le plasticien togolais mis en avant par le galeriste Mable Agbodan, présent à Lomé, à Paris et à Londres.

L’œuvre d’Akpehou Gustave Djonda à laquelle Mable Agbodan avait réservé une place de choix consiste en une foule carrée de cent têtes de terre cuite, toutes différentes et toute semblables, figuration d’une humanité dont toute représentation hésite entre l’indistinction de l’espèce et l’infinie diversité des individus.

Nous sommes en effet tous, tout à la fois, nous-mêmes, avec notre petit tas de secrets, et frères de tous les hommes. C’est cette indécidable alternative entre la personne et la foule que l’œuvre d’Akpéhou Gustave Djonda nous révèle d’une manière précise et insondable à la fois. Chacun de ces visages esquissés renvoie à une identité inconnue, et leur lot associé exprime un destin collectif.

100 Têtes sans visages par Akpehou Djonda

Faut-il l’imaginer tragique ? Cette collection « 100 Têtes sans visages » dévoile aussi, nous dit l’artiste, « des mémoires surtout sombres. Celles des esclavages, des génocides d’ici et d’ailleurs. J’ouvre les bières des sans-papiers qui se noient dans les mers et dans les déserts, je dénonce les bruits macabres des canons des guerres… »

Il a fallu à Akpéhou Gustave Djonda plus d’un an pour concevoir et réaliser ce projet : « Qu’elles soient des têtes et des visages de personnes connues ou inconnues, j’essaie de me les remémorer par ma création. Des gens croisés ou rêvés, qui sont bons ou méchants. Des visages qui sont Histoires, Archives ou Mémoires, qui ont des noms, des voix, des mains, des pieds… mais qui sombrent dans l’oubli. » Quand « le béton du Temps a englouti presque les souvenances… Telles des momies, les cent têtes sculptées sont sans réels visages, déterrées de nulle part. »

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Ainsi chacune de ces têtes a bien sa personnalité et c’est l’œuvre du Temps, « ce grand sculpteur », comme disait Marguerite Yourcenar, qui les range dans une forme d’indistinction. C’est un effet de perspective, qui les range au carré de la mémoire. Et l’œuvre d’Akpehou Djonda touche alors à ce je ne sais quoi qui est au cœur de notre humanité : le sentiment d’être un avec tous les autres, et d’avoir pourtant sa propre trajectoire, lumineuse et fière.

Il nous révèle ce que nous sommes collectivement, mais il accompagne aussi, avec toute la générosité qu’on lui connaît, le rêve que nous formons tous d’être uniques. Et quel bonheur que ce message soit ainsi passé de Lomé à Paris !

Voir le site de la Biennale 

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