Depuis octobre 2007, les petits Marocains ont leur magazine gratuit. Tikchbila, c’est son nom, compte 36 pages et tire à 5 000 exemplaires distribués exclusivement à Casablanca, la capitale économique du royaume. Magazine francophone bimestriel destiné aux 6-12 ans, Tikchbila tourne grâce aux recettes publicitaires (au moins trois pages par numéro). Fatima-Zahra Oukacha, la fondactrice et rédactrice en chef du magazine, présente ce nouveau venu dans le paysage médiatique marocain.
Fatima-Zahra Oukacha, la fondactrice et rédactrice en chef de Tikchbila (qui signifie jeu de marelle), est diplômée en gestion des entreprises. Elle a fait ses premières armes chez Procter&Gamble et Kraft Foods. Elle en a gardé quelques réflexes marketing et sollicite régulièrement son jeune lectorat, y compris pour contribuer au contenu du magazine. Elle a accordé une interview à notre partenaire The Arab Press Network.
APN : Comment est née l’idée d’un magazine gratuit destiné aux enfants ?
Fatima-Zahra Oukacha : L’idée m’est venue en septembre 2006 lors d’un week-end au cours duquel je devais garder mes nièces. Je voulais les occuper, et à ma grande surprise je découvre qu’il n’existe pas de magazine marocain pour enfants ! C’est alors que je décide d’en créer un qui soit inspiré par les enfants marocains à 100%, leurs envies et leurs besoins. L’idée se transforme en concept puis le concept en business plan et en magazine. J’ai voulu qu’il soit gratuit pour qu’il soit lu par le plus d’enfants possible. Cette gratuité nous oblige à un volume de publicité important. Nous le distribuons à la sortie d’une quarantaine d’écoles et il est disponible dans certaines boutiques et centres culturels et sportifs.
APN : Comment avez-vous été accueilli par le lectorat ?
FZO: Les enfants sont ravis. Ils ont très bien réagi, non seulement au magazine, mais également au site web www.tikch.com et surtout au concept de l’Univers des Tikch (ndlr : nom donné aux lecteurs de Tickchbila). Ils sont contents d’avoir leur monde à eux et de pouvoir participer à l’élaboration du contenu du magazine. Ainsi dans notre numéro 2, les rubriques Miams (recettes de cuisine), et L’intello (chroniques de livres) sont rédigées par de jeunes lecteurs. Nous avons confié l’écriture des dialogues des BD à l’une de nos jeunes lectrices. La rubrique CyberTikch a été alimentée à partir des blagues et des devinettes postées par les Tikch sur notre site. Enfin, les deux rubriques : Métiers et C Style C Cool C Tikch sont réalisées à partir de réunions organisées entre jeunes lecteurs pendant les week-ends.
Le nombre des visites du site, plus de 3000 visiteurs uniques par mois, dépasse nos attentes et c’est la meilleure preuve que les enfants s’intéressent à notre magazine.
APN : Qu’en est-il des annonceurs ?
FZO: Nous avons réussi à séduire beaucoup d’entre eux et certains nous ont fait confiance dès les premier numéro. Les budgets 2008 sont en phase de finalisation. Nous croisons les doigts en espérant que Tikchbila aura sa part dans les plans presse.
APN : Quels sont les défis rencontrés ?
FZO: Le premier défi, c’était de bien comprendre ce qui fait plaisir aux enfants. Il a fallu en en rencontrer des dizaines, discuter avec eux, préparer des maquettes et rester ouverts à leurs commentaires.
Une fois ce défi surmonté, il reste le vrai défi : continuer de séduire nos lecteurs, en venant à chaque numéro avec une meilleure qualité, avec de nouvelles idées, de nouveaux plans. Pour fidéliser un enfant, le satisfaire n’est pas suffisant, il faut l’impressionner. Et c’est cela notre défi de tous les jours.
APN : Enfin quelles sont les bonnes surprises ?
FZO : La meilleure surprise est venue des mamans qui ont proposé de devenir des Tikch senior.
L’idée est venue lors d’une réunion que nous avons organisée en novembre dernier entre jeunes lecteurs. Et comme nous avons l’habitude de procéder avec toutes les suggestions qui nous parviennent, nous avons testé la faisabilité. Nous avons donc fait un sondage qui a révélé que plus de la moitié des mamans et des papas des Tikch lisent Tikchila Magazine. Nous sommes donc en train de réfléchir très sérieusement au meilleur moyen de satisfaire les attentes des parents. Peut-être que nous leur proposerons un supplément mais le concept reste à définir.
Par Notre partenaire Arab Press Network