
Radié de la liste électorale, Tidjane Thiam cristallise les tensions au sein du PDCI. Entre appels à manifester, divisions internes et recours judiciaires, le parti historique ivoirien entame sa campagne présidentielle sur fond d’incertitude et de mobilisation en demi-teinte.
Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) traverse une zone de turbulences. Depuis la radiation de son président et candidat déclaré à la présidentielle d’octobre 2025, Tidjane Thiam, de la liste électorale, le parti a lancé un appel à la mobilisation nationale. Mais entre contestations internes, faible présence dans les rues et manœuvres judiciaires, la campagne du « vieux parti » semble fragilisée dès son lancement.
Un appel à la rue contre l’inéligibilité de Thiam
Le 22 avril, un coup de tonnerre a secoué le paysage politique ivoirien : Tidjane Thiam, figure de proue du PDCI, est rayé de la liste électorale. En réaction, le parti appelle à des marches de protestation dès le 24 avril devant tous les tribunaux du pays. Depuis la permanence du Plateau à Abidjan, Simon Doho, chef des députés PDCI, galvanise les militants en appelant à une mobilisation nationale contre ce qu’il qualifie de « dictature » du pouvoir en place. Les slogans résonnent : « Titi président », scandent les partisans.
Mais sur le terrain, la mobilisation peine à décoller. À Abidjan, l’esplanade du palais de justice est bouclée dès l’aube par les forces de l’ordre. Les rues adjacentes restent calmes. Seule une poignée de militants se rassemble devant la permanence du parti, déçus mais résolus. Certains évoquent leur attachement indéfectible à Thiam, d’autres s’inquiètent de la tournure des événements. Face à cette faible affluence, les dirigeants du PDCI décident finalement de reporter certaines marches. Un aveu de difficulté dans une campagne qui démarre dans l’incertitude.
Une bataille politique et judiciaire
Pendant que la rue s’agite timidement, les tribunaux continuent de jouer un rôle central dans cette crise. Le même jour, une audience oppose Tidjane Thiam à Valérie Yapo, militante PDCI contestataire. Cette dernière remet en cause la légitimité de Thiam à diriger le parti, invoquant sa double nationalité et des irrégularités lors du congrès de décembre 2023. Le procès est reporté au 8 mai, mais il illustre bien la fracture interne qui fragilise le PDCI, entre partisans convaincus et dissidents ambitieux.
Pour le PDCI, l’éviction de Thiam de la liste électorale sonne comme une attaque ciblée. Soumaïla Bredoumy, porte-parole du parti, accuse ouvertement le régime en place de manipulation politique. Selon lui, Tidjane Thiam avait tous les documents nécessaires en 2023 pour figurer sur la liste électorale. Alors pourquoi cette radiation aujourd’hui ? Le parti y voit une tentative de museler l’opposition avant même que la campagne présidentielle ne s’ouvre officiellement.
DECLARATION DU PRESIDENT DU PDCI-RDA M. TIDJANE THIAM APRÈS LA DÉCISION DE JUSTICE pic.twitter.com/7zeejGgwPm
— La Côte d’Ivoire Est Chic (@Cotedivoireoff_) April 22, 2025