
La justice ivoirienne a suspendu la délivrance du certificat de nationalité à Tidjane Thiam, président du PDCI-RDA. Derrière cette décision, une querelle juridique à fort parfum politique, qui fragilise la position de l’ancien banquier dans un parti en pleine recomposition.
La justice ivoirienne a suspendu, le jeudi 10 avril 2025, la délivrance du certificat de nationalité à Tidjane Thiam, figure de proue du PDCI-RDA. Cette décision intervient dans un contexte de tension juridique autour de la légitimité du président du parti, dont la nationalité ivoirienne est officiellement contestée devant les tribunaux. Un revers symbolique et politique qui jette une ombre sur sa position à la tête du parti historique.
Une décision judiciaire lourde de sens
La présidente du tribunal de première instance d’Abidjan, Touré Aminata épouse Touré, a pris une ordonnance suspendant la procédure de délivrance du certificat de nationalité à Cheick Tidjane Thiam. Cette suspension est motivée par une action en justice en cours visant à remettre en cause sa qualité de citoyen ivoirien. En clair, tant que cette contestation n’est pas tranchée par le tribunal, aucune reconnaissance officielle de sa nationalité ne peut lui être accordée.
Cette mesure judiciaire s’appuie sur le principe de prudence juridique : il serait prématuré de délivrer un certificat alors que la nationalité même du demandeur est au cœur d’un litige.
Une bataille politique aux allures juridiques
Derrière ce feuilleton judiciaire se cache une bataille interne au PDCI-RDA. La requête en justice a été déclenchée par Valérie Yapo, militante du parti, qui conteste non seulement la nationalité de Tidjane Thiam, mais aussi sa légitimité à présider le PDCI. Cette attaque, loin d’être anodine, témoigne de profondes divisions au sein du parti d’Houphouët-Boigny, où l’arrivée de Thiam n’a pas fait l’unanimité.
En remettant en cause sa citoyenneté, ses détracteurs visent en réalité à affaiblir sa position politique, voire à l’évincer légalement de la présidence du parti. La justice se retrouve ainsi au cœur d’un jeu d’équilibres politiques, où chaque mot d’une ordonnance peut faire vaciller des ambitions.
Le temps judiciaire face au calendrier politique
Cette suspension de délivrance intervient dans un moment clé pour le PDCI-RDA, en quête de reconstruction et d’unité à l’approche des futures échéances électorales. Pour Tidjane Thiam, c’est un coup dur, même s’il ne s’agit pas encore d’une décision définitive sur sa nationalité. En attendant que le tribunal se prononce sur le fond, il reste dans un flou juridique inconfortable, fragilisant son autorité et son image.
Cette affaire illustre plus largement les tensions persistantes entre droit et politique en Côte d’Ivoire, où la nationalité peut devenir un levier de lutte pour le pouvoir. Tidjane Thiam, ancien banquier international, revenu au pays pour porter les couleurs du PDCI, doit désormais affronter un autre type de défi : prouver, devant les juges, qu’il est bien Ivoirien… de plein droit.