Une comédie romantique, « Think like a man », dont les principaux rôles sont joués par des Noirs américains, ne mériterait pas d’être numéro 1 du box-office ? A en croire une critique de Première.fr, la réponse est non. D’après ce spécialiste du cinéma, c’est le mélo The lucky one, de Scott Hicks, qui aurait dû, le 22 avril, rafler la première place du box-office aux Etats-Unis.
« Une comédie romantique black et un mélo avec Zac Efron s’y mettent à deux pour faire chuter Hunger Games de sa pole position. » D’entrée de jeu, le ton est donné dans un article paru chez Première.fr. Contrairement à ce qu’affirment certains médias, Think like a man n’est pas un film de « black », dédié aux Afro-Américains. Tiré d’un best-seller de Steve Harvey, l’histoire que raconte ce film ne s’adresse pas à une communauté en particulier. De plus, le romantisme et l’amour n’ont pas de couleur, ils sont universels. Le magazine Variety affirme d’ailleurs que Sony a fait un tout un travail pour essayer d’attirer « le public Afro-Américain », ce qui d’avance n’était pas gagné. « Bien que joués par des acteurs Noirs, Think like a man a attiré une foule diverse », ajoute le tabloïd américain.
« Réalisé par Tim Story, cette comédie au pitch classique (…) et sans tête d’affiche (Chris Brown est le nom le plus connu du générique, c’est dire) réalise donc un démarrage surprenant et plus qu’excellent », d’après Première.fr. Faux, Chris Brown n’est pas le seul personnage connu. Gabrielle Union, entre autres, est une actrice connue. Elle a d’ailleurs joué dans Bad Boys 2 au côté de Will Smith. Tous les acteurs du film sont célèbres aux Etats-Unis : Taraji Penda Henson est connue notamment pour ses rôles dans Hustle & Flow, ou encore dans L’étrange histoire de Benjamin Button, de David Fincher. En 2009, l’actrice est même nommée aux Oscars du cinéma dans la catégorie Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle. Autres exemples : Michael Ealy ou encore Meagan Good ont eu un rôle dans la très célèbre série américaine Californication. Certes, la série n’a pas trouvé son public en France, mais pour le comprendre il suffit de visionner la version française. Le doublage est mauvais, les voix non attractives et les traductions sont bâclées. Cette série Rock & Roll a, de fait, perdu tout son charme en passant l’Atlantique.
Les raisons d’un succès
Un résultat « surprenant » et « excellent », selon Première.fr, pour un film (Think like a man, ndlr) dont le budget est estimé à 13 millions de dollars, loin derrière les 35 millions de The lucky one, qui, pour la première semaine, ont rapporté respectivement 33 millions de dollars et 22,8 millions de dollars de recettes. « Une surprise », estime Première.fr? Pas tant que ça. En théorie, le film devait sortir en décembre 2011. Mais Sony Pictures a pris la décision de repousser sa date de sortie pour travailler sur le buzz médiatique de Think like a man. Des projections tests ont été organisées, les réseaux sociaux et les blogs ont été investis et des avant-premières, en présence de nombreuses célébrités, ont été réalisées. En fait, il s’agissait ni plus ni moins d’une opération marketing réussie et qui, pour le coup, a payé.
Le site Internet souligne également que le film de Zac Efron est diffusé dans mille salles de plus que celui de Tim Story. Certains vous diront que ce n’est pas le nombre de salles dans lequel un film est diffusé qui le rend bon ou médiocre mais sa consistance propre.
Quand Première en rajoute
Le 29 avril dernier, Première.fr s’insurge, dans un second papier, de voir Think like a man conserver, deux week-ends consécutifs, sa première place « sans qu’aucune des quatre nouveautés ne parvienne à le faire trembler ». « Le film récolte 18 millions de dollars pour son deuxième week-end. Un excellent score pour une oeuvre que personne n’avait vu venir, qui a coûté peanuts (12 petits millions de dollars) et qui a détrôné Hunger Games de sa place de numéro 1 aux USA. » En fait, ce succès tout le monde l’a vu venir, du moins aux Etats-Unis !
Si l’article de Première.fr semble certainement mal documenté, c’est avant tout un exemple parmi d’autres du refus des diffuseurs et du milieu du cinéma français de miser sur des films dans lesquels la majorité des acteurs sont noirs ou même de miser sur leur éventuel succès. Sous couvert de logiques économiques frileuses, ce « genre » de films, qu’ils soient américains ou français, n’existent quasiment pas dans les salles françaises. Quant à la diffusion de Think like a man dans l’hexagone, aucune promo et probablement aucune distribution en vue.
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