» Je suis descendu de chameau le 9 janvier 1994 à 12h10 ; je venais de refermer une parenthèse ouverte en 1923. » Tels sont les termes de cet amoureux du désert qu’était Théodore Monod, descendu de chameau à jamais, mercredi 22 novembre 2000 à l’âge de quatre-vingt-dix-huit ans.
» Mon histoire avec le Sahara remonte à 1922. J’étais en Mauritanie, entre deux océans : l’Atlantique d’un côté ; le sable et les cailloux de l’autre. » Telle fut sa rencontre avec le désert, grâce à son travail au Muséum national d’Histoire naturelle, qui devient » son diocèse » et l’aide à guérir d’un amour non partagé.
» J’aime cette phrase d’Oscar Wilde : » Je puis résister à tout, sauf à la tentation » « . C’est elle qui le pousse à retourner en Afrique, au Cameroun, au Tchad, en Guinée. Il aime y vivre tel un méhariste, aux coeur de cailloux et d’ossements, dont la découverte fut toujours pour lui une plongée dans l’absolu.
» Il est temps de penser à l’avenir de l’Homme. » Et il y pense en s’investissant dans toutes les causes qu’il croit justes : lutte contre le racisme, contre l’arme atomique, pour le droit au logement…
» Je ne comprends pas les gens qui s’ennuient sur terre. C’est prodigieux, il n’y a qu’à regarder. » Avec les yeux d’un enfant, et malgré son statut d’académicien, il reste un homme de terrain et observe chaque parcelle de ce désert si vaste et tellement riche.
Un philosophe en quête d’absolu, un humaniste luttant pour un monde plus respectueux de la vie. Les définitions sont légions lorsqu’il s’agit de brosser le portrait de Théodore Monod, dont la longévité démontre que des engagements sincères participent d’une vie saine.