Après avoir été frappé, lundi matin, par un double attentat au cœur de la capitale N’Djamena, le Tchad a interdit le port de la burqa pour des raisons de sécurité. Et toutes ceux qui enfreignent cette mesure seront immédiatement arrêtés.
Le Tchad prend ses précautions après avoir été frappé par un double attentat suicide au cœur de la capitale, N’Djamena, qui a fait 33 morts et une centaine de blessés. Pour des raisons de sécurité, le pays, majoritairement musulman, a interdit le port de la burqa, un voile intégral cachant le visage. « Le port de la burqa (voile intégral) doit cesser immédiatement à compter de ce jour, non seulement dans les lieux publics et les écoles, mais sur toute l’étendue du territoire », a annoncé le gouvernement tchadien.
Un message destiné aux leaders des différentes communautés religieuses, à la veille du début du ramadan, pour qu’ils le relaient dans leurs « prêches », « lieux de cultes » et « mosquées ». Le Premier ministre tchadien a précisé que « des instructions ont été données aux services de sécurité d’entrer dans les marchés et de ramasser toutes les burqas qui y sont vendues et de les bruler ». Le gouvernement a également prévenu que « tous ceux qui refusent d’obtempérer et qui se hasarderaient à braver la mesure en portant la burqa doivent être arrêtés, jugés en référé et condamnés ». Un message on ne peut plus clair.
Pour le moment une enquête a été ouverte par les autorités tchadiennes, qui affirment que des suspects ont été interpellés. Ce double attentat n’a toujours pas été revendiqué; mais pour les autorités tchadiennes ainsi que pour le Président français François Hollande, il ne fait pas de doute, c’est bien le groupe terroriste nigérian Boko Haam qui est derrière ces attaques. En première ligne de la lutte contre Boko Haram, jusque-là épargné par les attaques suicides, le Tchad fait à son tour lourdement les frais du terrorisme sur son sol. Ces attaques ne sont pas surprenantes pour le Président tchadien Idriss Deby qui a affirmé qu’elles ne resteront pas dans l’impunité. Boko haram avait en effet, à plusieurs reprises, menacé le Tchad qui a déployé ses troupes pour combattre le groupe armé aux côté du Nigeria, du Niger et du Cameroun.
Né en 2002, Boko Haram a fait des milliers de morts depuis 2009, période à laquelle le groupe armé s’est radicalisé, lorsque Abubakar Shekau en a pris la direction. Si à ses débuts l’organisation ne s’attaquait qu’aux symboles étatiques : bâtiments publics, gendarmeries, commissariats, son visage s’est peu à peu assombri. Boko Haram se met alors à massacrer des populations entières, menant des enlèvements, poussant des milliers de personnes à se déplacer vers les pays voisins.
Pour de nombreux observateurs, Boko Haram se nourrit de la misère des populations pour gonfler ses rangs. Le nord du Nigeria est miné par la pauvreté et le chômage des jeunes. Ces derniers, parfois désœuvrés, trouvent refuge au sein du groupe armé. Dès son arrivée au pouvoir, le Président Muhammadu Buhari a promis de vaincre le groupe armé pour de bon. Pour le moment, l’armée nigériane n’a jamais réussi à faire face à l’organisation d’Abubakar Shekau. Bien que le groupe ait subi de lourdes défaites et soit affaibli depuis que les troupes africaines ont joint leurs forces pour le combattre, il est loin de déposer les armes, en témoignent ces attentats au Tchad.