Le fils de l’ancien Premier ministre britannique, Margaret Thatcher, accusé d’avoir participé à une tentative de putsch en Guinée Equatoriale en mars 2004, a plaidé coupable devant la Haute cour de justice du Cap (Afrique du Sud). Suite à un accord passé avec les autorités, Mark Thatcher écope d’une amende de trois millions de rands et de quatre ans de prison avec sursis. Désormais libre de ses mouvements, il a quitté, ce jeudi, l’Afrique du Sud.
Par Valentine Lescot
La baronne Thatcher s’est dite soulagée. Mark Thatcher, son fils, vient d’éviter la prison en Afrique du Sud. Il a plaidé coupable, ce jeudi, devant la Haute cour de justice du Cap, aux accusations de participation à une tentative de coup d’Etat en Guinée Equatoriale en mars 2004. Mais il est reparti avec une amende de trois millions de rands (environ 380 000 euros) et quatre ans de prison avec sursis, après avoir passé un accord avec le parquet. Le fils de la Dame de fer, âgé de 51 ans, risquait neuf ans de détention pour avoir violé la loi sud-africaine sur le mercenariat. Jusque-là assigné à résidence, il a quitté le jour-même le pays.
Retour en arrière sur une histoire de “ barbouzerie ”. Le 24 août 2004, Mark Thatcher est arrêté par les policiers d’élite de l’unité Scorpion dans sa luxueuse résidence de Constantia, dans la banlieue du Cap. Il est ensuite libéré contre une caution de 250 000 euros payée par sa mère. Mais son passeport confisqué, il est assigné à résidence et doit pointer tous les 15 jours au commissariat de la ville. La police sud-africaine cherche à prouver son implication dans le putsch manqué du 7 mars dernier, qui visait à remplacer le Président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema par son opposant en exil en Espagne, Sevoro Moto.
Une équipe de mercenaires stoppée
Ce jour là, les autorités zimbabwéennes arrêtent 64 mercenaires de différentes nationalités à Harare, à bord d’un Boeing 727 en provenance d’Afrique du Sud. Les barbouzes, détenteurs de passeports sud-africains, avaient prévu une escale de quelques heures dans la capitale zimbabwéenne pour s’approvisionner en armes, avant de s’envoler pour la Guinée Equatoriale. Un ex-officier des forces spéciales britanniques (SAS) reconverti dans le mercenariat, Simon Mann, est arrêté à l’aéroport, où il venait rejoindre ses hommes avec des mitraillettes AK47 et des obus de mortier. Cet homme, par la suite désigné comme le cerveau de l’opération, est aussi un ami et voisin au Cap de Mark Thatcher. Quelques jours avant l’expédition manquée, des virements venant d’entreprises dont Sir Thatcher est actionnaire arrivaient sur des comptes de Mann, domiciliés à Guernesey (Iles indépendantes au large de l’Angleterre).
Deux jours plus tard une équipe de 15 autres “ chiens de guerre ” (des Sud-Africains et des Arméniens) est arrêtée à Malabo, la capitale de la Guinée Equatoriale. Explication donnée par le groupe : assurer la sécurité d’une mine en République Démocratique du Congo. Mais Mann avoue. L’objectif était bien de renverser le chef d’Etat équato-guinéen. Les hommes arrêtés au Zimbabwe, qui devaient écoper de 12 mois de prison, ont été acquittés. La peine de Simon Mann a été ramenée de 7 à 4 ans de détention en septembre dernier. Tandis que l’équipe neutralisée en Guinée Equatoriale est condamnée à des peines allant jusqu’à 34 ans de prison.
Pétrole équato-guinéen
Mais pourquoi vouloir renverser le Président Obiang, arrivé au pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat en 1979 ? Plus pour l’or noir du pays que pour le retour de la Démocratie. La découverte dans les années 90 du pétrole a apporté un flot de cash au petit pays de 500 000 habitants, devenu le Koweït de l’Afrique. Dans cette affaire de putsch, le Président accuse des multinationales et des pays étrangers d’avoir cherché à comploter contre lui afin de récupérer la manne pétrolière. Mais jusqu’à présent, l’affaire reste bien opaque.