Tentative de coup d’État en Guinée-Bissau : Umaro Sissoco Embaló dissout le Parlement


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Le Président bissau-guinéen, UUmaro Sissoco Embalo
Le Président bissau-guinéen, UUmaro Sissoco Embalo

En Guinée-Bissau, le Président Umaro Sissoco Embaló a dissous le Parlement, ce lundi. C’est la première grande conséquence de la tentative de coup d’État qui a secoué le pays, la semaine dernière.

La Guinée-Bissau n’a plus de Parlement. L’institution a été dissoute, ce lundi, par le Président Umaro Sissoco Embaló. La décision de dissoudre l’Assemblée nationale a été communiquée à l’occasion d’un conseil d’État convoqué au palais par le président de la République. À cette rencontre, il y avait le président de la Cour suprême, le président de l’Assemblée nationale, Domingos Simoes Pereira, le Premier ministre, Geraldo Martins, des leaders de partis politiques. En somme, les représentants des grands corps de l’État étaient au conseil. Cette dissolution vient mettre un terme à la difficile collaboration entre le président de la République et un Parlement contrôlé par l’opposition.

Deuxième tentative de coup d’État en moins de deux ans

« La date des prochaines élections législatives sera fixée le moment opportun, conformément aux dispositions […] de la Constitution », précise le chef de l’État, dans un décret pris ce lundi. « Après cette tentative de coup d’État menée par la Garde nationale et devant les preuves fortes de l’existence de complicités politiques, le fonctionnement normal des institutions de la République est devenu impossible. Ces faits confirment l’existence d’une grave crise politique », insiste Umaro Sissoco Embaló.

Depuis son accession au pouvoir dans un contexte critique en 2020, le mandat de Umaro Sissoco Embaló à la tête de la Guinée Bissau n’a pas été le long fleuve tranquille. Le 1er février 2022 déjà, son régime avait été victime d’une tentative de coup d’État qu’il a réussi à déjouer. 11 personnes avaient perdu la vie lors des affrontements entre les forces loyalistes et les insurgés.

Les raisons du second putsch manqué en Guinée-Bissau

Le chef de l’État n’avait pas tardé à pointer du doigt les réseaux de narcotrafic et de corruption. Trois officiers au passé trouble avaient alors été mis aux arrêts. Il s’agit de l’ex-contre-amiral José Americo Bubo Na Tchuto, qui a commandé la marine bissau-guinéenne, au début des années 2000 ; de Tchamy Yala, un ancien officier lui aussi, et de Papis Djemé. Tous les trois ont un casier judiciaire, puisqu’ils avaient été arrêtés, en avril 2013, par les services anti-drogue américains qui leur avaient tendu un traquenard, en se faisant passer pour des narcotrafiquants sud-américains.

Cette nouvelle tentative de putsch est due à l’arrestation de deux ministres issus de l’opposition, interrogés par la police pour une affaire de retrait d’une somme de 10 millions de dollars des caisses de l’État. Pendant leur interrogatoire, des éléments de la Garde nationale ont pris d’assaut les locaux de la police judiciaire où ils étaient gardés pour tenter de les libérer. Ces éléments ont été empêchés dans leur tentative par les forces spéciales de la Garde présidentielle. Le bilan fait état de deux morts et six blessés.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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