Tentative d’évasion en RDC : que s’est-il passé à la prison centrale de Makala cette nuit ?


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Prison
Un homme en prison (illustration)

La prison centrale de Makala, le plus grand pénitencier de la RDC situé dans la ville de Kinshasa, a connu une tentative d’évasion cette nuit. Un acte qui a suscité une réaction énergique de la part du garde des Sceaux, Constant Mutamba.

Entre 2 heures et 3 heures du matin, des coups de feu ont retenti dans l’enceinte de la prison centrale de Makala. Les forces de l’ordre tiraient pour empêcher une tentative d’évasion massive. D’après des sources locales, les coups de feu auraient provoqué des blessures et possiblement des décès dans le rang des prisonniers qui tentaient de prendre le large.

La nouvelle de la tentative d’évasion a été confirmée vers 5 heures du matin heure locale par le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya. « Il s’agit d’une tentative d’évasion à la prison centrale de Makala », a tweeté le ministre actuellement en Chine, aux côtés du Président, où doit se dérouler le Forum on China-Africa Cooperation (FOCAC). Et le porte-parole de rassurer la population kinoise : « Les services de sécurité sont sur place pour restaurer l’ordre et la sécurité. La population kinoise est invitée à ne pas paniquer », a-t-il posté, promettant des détails sur cette affaire dans la journée.

Constant Mutamba dénonce des « actes de sabotage prémédités » et promet des sanctions

Alors qu’il est en mission à l’intérieur du pays, Constant Mutamba a vivement réagi aux événements de Makala. « Alors que nous nous trouvons en itinérance à l’intérieur du pays pour étendre la politique de désengorgement des prisons et l’amélioration des conditions carcérales, dictée par le chef de l’État et magistrat suprême, des actes de sabotage prémédités ont été commis à Makala cette nuit », a déclaré le garde des Sceaux. Avant d’annoncer une enquête et des mesures exemplaires contre les « commanditaires de ces actes » à qui il promet « une réponse implacable ». De plus, Constant Mutamba a annoncé trois mesures provisoires principales :

  • l’interdiction temporaire du transfert de détenus au Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa (CPRK) – encore appelé prison centrale de Makala – par les magistrats des parquets, sauf avec son autorisation, et ce, jusqu’à nouvel ordre ;
  • l’intensification du processus de désengorgement des prisons de Makala, Ndolo et de l’intérieur du pays ;
  • l’accélération du projet de délocalisation du CPRK par la construction d’une nouvelle prison excentrée de la ville de Kinshasa.

Une tentative d’évasion dans un contexte particulier

S’il est vrai que les évasions de prison ne sont pas des phénomènes rares en RDC, cette nouvelle tentative intervient dans un contexte particulier marqué par une volonté affichée par le nouveau ministre congolais de la Justice d’assainir l’appareil judiciaire du pays et bien sûr le système carcéral. Un des objectifs principaux que Constant Mutamba s’est fixés en relation avec la mission à lui assignée par le Président Félix Tshisekedi est de désengorger les prisons congolaises.

Dans ce sens, le garde des Sceaux a déjà signé plusieurs décisions de libération de détenus. Plus de 1 000 prisonniers ont, à l’heure actuelle, bénéficié de ces mesures y compris à la prison centrale de Makala. Mieux, dans le but d’améliorer les conditions de vie des prisonniers, le ministère de la Justice a récemment doté le CPRK d’un important lot de matelas. Dans le même sens, la première autorité en charge de la Justice entend œuvrer pour réduire au maximum le transfert systématique à la prison de personnes non encore condamnées. Selon Constant Mutamba, seules les personnes dûment condamnées ou impliquées dans des cas graves devraient être incarcérées.

Construite au départ pour 1 500 détenus, la prison centrale de Makala en contenait 15 300, en juillet dernier. Soit plus de 10 fois sa capacité normale. Sur cet effectif, seuls 2 540 détenus étaient effectivement condamnés. L’objectif de Constant Mutamba est de réduire de moitié la population carcérale de Makala.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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