Tensions au Burkina Faso : suspension des activités de MSF à Djibo


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Médecins sans frontières
Médecins sans frontières

La situation sécuritaire au Burkina Faso, marquée par des tensions croissantes depuis le dernier coup d’État militaire en janvier 2022, continue de se détériorer. Dans ce contexte, l’ONG Médecins sans frontières (MSF) a annoncé la suspension de ses activités à Djibo, une ville stratégique du nord du pays, en raison d’incidents violents ciblant ses installations et ses équipes.

Djibo, chef-lieu de la province du Seno, est devenue le théâtre d’une crise humanitaire sans précédent. Autrefois peuplée de 60 000 habitants, la ville accueille aujourd’hui plus de 200 000 personnes, en grande partie des déplacés internes qui fuient les violences des groupes djihadistes qui sévissent dans la région. En raison de sa proximité avec la zone dite des trois frontières —où se rencontrent le Niger, le Burkina Faso et le Mali— Djibo est particulièrement vulnérable aux incursions et aux attaques de ces groupes armés.

Absence de soutien de la part des autorités locales

La décision de MSF de suspendre ses opérations à Djibo est alarmante. L’ONG a rapporté une augmentation des incidents sécuritaires, notamment des attaques visant ses centres de santé et ses points de distribution d’eau. En juillet dernier, des tirs ont endommagé les infrastructures d’approvisionnement en eau. Impacts qui ont rendu la situation encore plus précaire pour une population déjà en détresse. Un responsable de MSF a exprimé des préoccupations concernant l’absence de soutien de la part des autorités locales.

La crise actuelle au Burkina Faso est exacerbée par l’absence d’un gouvernement stable et efficace après plusieurs coups d’État. Les autorités militaires, bien qu’ayant promis de restaurer la sécurité, peinent à contenir l’essor des groupes djihadistes, qui s’attaquent à des cibles civiles et humanitaires. Ce qui créé un climat de peur et d’instabilité. La violence, couplée à des conditions de vie déjà précaires, a contraint de nombreuses organisations humanitaires à réduire ou suspendre leurs activités. Conséquence : aggravation de la situation des populations vulnérables.

Menaces sur les populations vulnérables

La suspension des activités de MSF à Djibo met en relief les dangers auxquels font face les travailleurs humanitaires. En septembre, un collaborateur burkinabè de l’ONG a été tué. Un événement tragique preuve de la menace persistante que représentent les groupes armés. Ce n’est pas la première fois que MSF est contrainte de réduire ses opérations. En février 2023, l’organisation avait déjà suspendu ses activités dans tout le pays pendant trois semaines, suite à l’assassinat de deux de ses employés.

Les conséquences de cette crise ne se limitent pas à la sécurité physique des travailleurs humanitaires. La suspension de MSF privera les habitants de Djibo d’importants soins médicaux. Ce qui a pour conséquence directe l’aggravation des problèmes de santé publique, notamment dans un contexte de malnutrition et de maladies infectieuses. L’absence de soins adéquats dans une région déjà durement touchée par des conflits prolongés et la pauvreté pourrait entraîner une augmentation des décès évitables et des maladies, craint l’OMS.

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