Le lancement par Corneille Nangaa, depuis le Kenya, de l’« Alliance Fleuve Congo » risque de déstabiliser la République Démocratique du Congo. Cette alliance anti-Félix Tshisekedi regroupe diverses entités, dont le M23 et d’autres groupes armés de même que des regroupements politiques.
Corneille Nangaa défie Félix Tshisekedi
L’annonce, par Corneille Nangaa, de la création d’une alliance rebelle secoue la République Démocratique du Congo. Une alliance qui regroupe plusieurs groupes armés en vue de « rétablir la paix et sauver la RDC ». Vendredi, l’ancien président de la CENI (Commission électorale nationale indépendante) a officiellement annoncé le lancement d’une nouvelle coalition dénommée « Alliance Fleuve Congo ».
Depuis le Kenya, Corneille Nangaa est apparu en public avec ses alliés dans cette alliance anti-Félix Tshisekedi. Celle-ci regroupe plusieurs entités, dont le M23, d’autres groupes armés, de même des regroupements politiques. L’objectif est la refondation de l’État. « Si pour y parvenir, il faut prendre le pouvoir à Kinshasa, nous le prendrons », a indiqué Nangaa, lors de sa conférence de presse.
Kinshasa rappelle des ambassadeurs
L’ancien patron de la CENI a précisé que les groupes armés affiliés à son alliance sont actifs dans l’ex-province orientale et dans l’espace Katanga, les deux Kivu et l’Ituri. Une sortie de Nangaa qui n’a pas été sans conséquences. En effet, Kinshasa a rappelé les ambassadeurs auprès du Kenya et de la communauté des États d’Afrique de l’Est. C’est le Vice-premier ministre en charge de l’Intérieur, Peter Kazadi, qui a convoqué l’ambassadeur du Kenya.
L’annonce de la création de cette alliance intervient au moment un cessez-le-feu a été conclu entre l’armée congolaise et le M23 dans le Nord–Kivu, suite à une médiation des États-Unis. Aussitôt après cette sortie de M. Nangaa, l’ONU s’est dite très préoccupée par la création d’un nouveau front rebelle contre les autorités. Surtout que Corneille Nangaa n’a pas caché son intention de renverser le régime de Kinshasa.
L’ONU se dit préoccupée
« Je suis extrêmement préoccupée par la création d’une nouvelle plateforme politico-militaire dénommée Alliance Fleuve Congo. J’appelle tous les acteurs politiques à opérer dans le cadre de la Constitution et à respecter les droits de l’homme et l’Etat de droit », a déclaré Bintou Keita. La cheffe de la mission de l’ONU en RDC a appelé Corneille Nangaa et ses alliés à renoncer à tout acte de violence « susceptible de déstabiliser la RDC ».
Corneille Nangaa a dirigé la Commission électorale nationale indépendante de la RDC, entre 2015 et 2021. Il s’est exilé au milieu de l’année en cours, après avoir critiqué la gestion de Félix Tshisekedi. En 2020, l’ancien patron de la CENI avait été sanctionné par les États-Unis pour corruption dans le processus électoral. Lequel avait conduit à la proclamation de Félix Tshisekedi comme Président de la RDC.
La CENI donne des assurances
Le 20 décembre, les Congolais sont appelés aux urnes pour les élections Présidentielle, municipales, sénatoriales et provinciales. 65 membres de la Mission d’observation électorale de l’Union Africaine sont arrivés à Kinshasa, depuis le mercredi 13 décembre 2023. La mission va s’entretenir « avec les parties prenantes au processus et observera les derniers jours de la campagne et les opérations du vote ».
Jeudi, l’occasion du lancement de la formation des agents des centres de vote, a été saisie par la CENI pour donner des assurances. Le rapporteur adjoint de la CENI, Paul Muhindo, a tenu à rassurer sur la tenue effective du scrutin, le 20 décembre: « Toute personne détentrice d’une carte CENI devra venir voter. Même si la carte est un peu défectueuse ou détériorée pour certaines raisons », a rassuré la CENI.