La toile du Cameroun, le lacet de Tunisie, le caoutchouc d’Egypte… Les Tennis Sawa sont made in Africa. Commercialisées depuis mars 2010, elles sont fabriquées dans une usine de Douala au Cameroun et vendues dans les magasins du monde entier, de Paris en passant par Tokyo et Brooklyn. A l’initiative de ce produit, trois garçons dans le vent, partis trouver chaussure à leurs pieds. Interview de Mehdi Slimani l’un des fondateurs des Tennis Sawa.
Afrik.com : Pourquoi avoir choisi l’Afrique pour fabriquer votre chaussure ?
Mehdi Slimani : On voulait faire quelque chose en Afrique, quelque chose qu’on connaît bien : la chaussure. On a choisi le Cameroun parce-qu’on savait que Bata (une entreprise d’origine canadienne spécialisée dans la fabrication et la distribution des chaussures, ndlr) s’était déjà implantée dans le pays et qu’il y avait donc un savoir-faire. En mai 2009, nous nous sommes rendus sur place pendant six mois et nous sommes rentrés en contact avec un atelier qui fabriquait des chaussures de sécurité et des vêtements de travail et c’est là que tout a commencé. Depuis la commercialisation, l’atelier compte 25 personnes et produit mille paires par jour.
Afrik.com : Faites-vous du commerce équitable ?
Mehdi Slimani : Non, pas du tout. Nous ne sommes pas une marque ethnique et nous ne faisons pas de commerce équitable. Il s’agit d’un acte économiquement militant. En général, les pays du Nord achètent la matière première dans les pays du Sud, la transforment dans le Nord puis la revendent sous forme de produits manufacturés aux pays du Sud. La valeur ajoutée revient donc toujours au pays du Nord. Nos tennis sont fabriquées en Afrique dans des matières premières africaines (Nigeria, Cameroun, Tunisie, Afrique du Sud, Egypte).
Afrik.com : A qui s’adresse votre chaussure ?
Mehdi Slimani : Il s’adresse à toutes les personnes qui veulent acheter un produit de bonne qualité. Les chaussures sont accessibles, elles coûtent 69 euros la paire. Par contre on n’a pas voulu les commercialiser n’importe où. On a choisi de beaux magasins à travers le monde comme Blackblock à Paris ou encore le Soula Shoes à Brooklyn.
Afrik.com : Etes-vous distribués dans les pays africains ?
Mehdi Slimani : On a contacté des magasins en Afrique du sud et en Côte d’Ivoire, mais c’est un produit qui n’est pas très adapté aux marchés africains. La saison prochaine, on espère que les tennis SAWA seront présentes dans des points de vente en Afrique.
Afrik.com : Quels sont vos futurs projets ?
Mehdi Slimani : Notre projet est de recréer une filière de la chaussure au Cameroun. Notre objectif est de pouvoir investir dans une tannerie locale, la production et la transformation locale de caoutchouc…