Le gouvernement algérien est en passe d’autoriser la téléphonie par Internet. Une pratique jusque-là clandestine. La décision des autorités risque de mettre fin au monopole d’Algérie Telecom et des opérateurs GSM, qui devront bientôt faire face à une concurrence légale, plus de six fois moins chère.
Plus besoin d’être un opérateur télécom pour vendre de la téléphonie en Algérie. Téléphoner par Internet devrait prochainement être légalisé dans le pays. Ce service, jusqu’à présent à l’essai, pourrait être commercialisé dans les jours à venir. Les sociétés de téléphonie seront alors confrontées à une concurrence féroce. Une concurrence qui avait déjà commencé dans l’ombre.
« Depuis janvier 2003, l’Autorité de régulation des postes et communications autorisait l’utilisation de la téléphonie par Internet aux fournisseurs d’accès Internet à titre expérimental », explique-t-on chez un important fournisseur d’accès. Une licence restreinte qui ne mettait pas en danger directement le monopole d’Algérie Télécom sur le fixe et les prérogatives des opérateurs GSM. Mais la roue risque de tourner. La semaine dernière, le gouvernement algérien a rédigé un décret stipulant qu’une simple autorisation suffirait désormais à une dizaine d’opérateurs pour vendre de la téléphonie par Internet.
Plus de six fois moins cher
Conséquence : les fournisseurs d’accès Internet ajoutent une autre corde à leur arc et les Algériens pourront bientôt téléphoner tout à fait légalement depuis leur cyber-café. Les clients pourront, grâce à une carte prépayée, communiquer de vive voix par le biais des ordinateurs (système PC to phone). Plus avantageux, ils auront même la possibilité de passer leurs coups de fil d’une cabine téléphonique et même de leur propre téléphone fixe via le réseau Internet (phone to phone). Beaucoup plus pratique, moins contraignant et surtout moins cher. Le prix des cartes est extrêmement attractif, surtout en ce qui concerne les appels à l’étranger. « Appeler en France sur un téléphone fixe revient normalement à 55 dinars la minute. Mais avec une carte pour téléphoner par Internet, on dépense 250 dinars pour une demi-heure de communication (soit 8,3 dinars la minute, ndlr) », explique Abdelghani, propriétaire d’un cyber-café à Alger.
Des avantages économiques dont les Algériens jouissent depuis l’autorisation expérimentale. Mais dans la discrétion, et surtout à partir des ordinateurs. Les cartes sont disponibles dans certains cyber-cafés, chez quelques fournisseurs d’accès et compagnies de téléphonie. « Je ne vends pas ces cartes, mais je vois souvent des gens qui viennent avec pour téléphoner ici. Pour ce faire, ils ont juste à installer un logiciel de quatre Mega-octets (l’équivalent de trois disquettes, ndlr). Ensuite, ils téléphonent grâce au casque et au micro à disposition », explique Abdelghani. Une activité semi-clandestine qui devrait se poursuivre jusqu’à signature du nouveau décret du gouvernement.
Algérie Telecom pourrait bien faire du lobbying pour retarder l’entérinement d’une telle décision. Le succès de la téléphonie par Internet est tel, qu’une fois légalisé ce service devrait voir le nombre d’adeptes « exploser », selon certains fournisseurs d’accès. Pour s’adapter à la concurrence, « Algérie Telecom vend des cartes permettant de téléphoner sur Internet. Elle a même annoncé une baisse de ses prix pour être plus compétitive. Mais pour l’instant, aucune décision concrète n’a été prise », souligne Abdelghani. Ces surenchères de ristournes, qui impliquent aussi les fournisseurs d’accès, devraient faire le bonheur du portefeuille des clients.
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