Tebboune remet les pendules à l’heure : l’Algérie ferme face à la France


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Allocution Tebboune
Allocution Tebboune

Le président de la République d’Algérie, M. Abdelmadjid Tebboune, a accordé samedi 5 octobre une entrevue aux représentants de la presse nationale, diffusée sur les chaînes de la Télévision et de la Radio nationales. Tebboune a abordé les relations avec la France et plaidé pour une réforme de l’ONU accordant plus de poids à l’Afrique. Il réaffirme la souveraineté de l’Algérie tout en appelant à une reconnaissance des crimes coloniaux. 

Lors d’un entretien diffusé hier, samedi 5 octobre, le président Abdelmadjid Tebboune a fait un point sur les relations entre la France et l’Algérie écartant l’idée d’une visite à Paris dans la situation actuelle.

Le président Tebboune a réaffirmé la fermeté de l’Algérie quant à la question des relations historiques avec la France. Il a qualifié les récents appels à renégocier l’accord de 1968 sur la circulation des Algériens en France de « slogan politique d’une minorité extrémiste qui voue une haine à l’Algérie« .

L’accord migratoire franco-algérien de 1968, conclu peu après l’indépendance de l’Algérie, constitue un des piliers de la relation entre les deux pays, régissant la circulation, le séjour et l’emploi des ressortissants algériens en France. Ce cadre juridique unique est lié à l’histoire particulière entre les deux pays qui fait que les algériens sont la plus importante population immigrée en France.

Un accord historique

Ainsi, cet accord octroie aux Algériens des facilités d’entrée et de résidence en comparaison avec d’autres nationalités, notamment en matière de regroupement familial et de délivrance rapide de titres de séjour de longue durée. Toutefois, il impose en contrepartie des contraintes spécifiques, notamment pour les étudiants algériens, qui sont soumis à des restrictions en matière de travail plus strictes que celles des ressortissants d’autres pays.

Certains partis de droite en France, comme Les Républicains et le Rassemblement National utilisent la remise en cause de cet accord comme élément central de leur discours sur l’immigration et la sécurité.

Tourner la page sans la déchirer

Tebboune a dénoncé ces tentatives, les décrivant comme « un épouvantail politique agité par une minorité hostile« . Il a rappelé que cet accord « n’affecte en rien la qualité de la migration ni la sécurité de la France« . Le président a souligné que l’Algérie n’accepterait jamais de « mensonges colportés sur l’Algérie » et qu’elle ne quémanderait pas un pardon de la France. Il a réitéré la demande de l’État algérien pour « la vérité historique et la reconnaissance des massacres commis par la colonisation française« .

Citant l’ancien président Houari Boumediene, Tebboune a rappelé la volonté de l’Algérie de « Tourner la page sans la déchirer« , montrant ainsi son désir de regarder vers l’avenir sans pour autant effacer les atrocités du passé.

La question du Sahara occidental : une critique de la position française

Tebboune s’est également exprimé sur la position de la France concernant le Sahara occidental, critiquant le soutien d’Emmanuel Macron au plan marocain. « La reconnaissance par la France du prétendu ‘plan d’autonomie’ va à l’encontre du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU« , a-t-il affirmé rappelant la doctrine des Nations Unies sur cette question.

Le président algérien a dénoncé une « politique de deux poids deux mesures » de la part de la France, membre permanent du Conseil de sécurité. Il a souligné que la question du Sahara occidental est encore examinée par la commission de décolonisation de l’ONU, remettant ainsi en question la légitimité de la position française.

Pour une réforme de l’ONU : la voix de l’Afrique

Sur le plan international, Abdelmadjid Tebboune a plaidé pour une réforme en profondeur des Nations Unies et du Conseil de sécurité. Il a notamment insisté sur l’importance de donner à l’Afrique une juste représentation au sein du Conseil de sécurité, en revendiquant « sept sièges pour l’Afrique, dont deux permanents« .

« Il est grand temps que l’Afrique, qui regroupe une grande partie de la population mondiale et qui a tant souffert du colonialisme, ait une voix influente dans les décisions internationales« , a déclaré Tebboune. Enfin, le président Tebboune a critiqué le fait que seuls cinq pays puissent décider du destin du monde, déplorant l’absence de droit international au profit de la « loi du plus fort« .

Le président algérien a également évoqué la nécessité de revoir l’usage du droit de veto, afin de permettre à l’ONU de jouer pleinement son rôle dans le maintien de la paix mondiale. Il a réitéré l’appel de l’Algérie pour une réforme des institutions internationales, afin d’éviter une nouvelle guerre mondiale et de promouvoir une véritable justice internationale.

L’Algérie sur la scène internationale : dignité et souveraineté

Tebboune a conclu en réaffirmant la position de l’Algérie : « Nous n’irons pas à Canossa ». Cette expression, qui fait référence à un épisode de l’histoire européenne, symbolise le refus de se soumettre ou de s’humilier devant une puissance étrangère. Il montre ainsi la fermeté de l’Algérie face aux pressions extérieures, notamment sur les questions de sa souveraineté et de son histoire.

Pour le président algérien, la coopération internationale ne doit pas se faire au détriment de la dignité nationale. Ce discours marque une nouvelle étape dans les relations algéro-françaises, entre exigence de reconnaissance des crimes du passé et volonté de l’Algérie de prendre sa place sur la scène internationale.

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