Une affaire de viol impliquant un commandant de police à N’Djamena suscite une forte indignation au Tchad. Dans la nuit du 15 au 16 janvier, une lycéenne de 20 ans affirme avoir été agressée alors qu’elle était en garde à vue. L’affaire a été très vite prise au sérieux par les autorités judiciaires qui promettent des sanctions exemplaires au présumé coupable.
Selon le témoignage de la victime, une jeune lycéenne de 20 ans, le commandant de police aurait profité de son autorité pour la violer alors qu’elle était en garde à vue. D’après les propos de la jeune femme, elle était en plein sommeil quand le policier s’en est pris à elle vers une heure du matin. « Il m’a coincée sur sa table de bureau et […] m’a violée, jusqu’au matin », a-t-elle déclaré. Libérée après les faits, la lycéenne s’est rendue à l’hôpital où des examens médicaux ont confirmé le viol, selon sa famille. Saisie, la Ligue tchadienne des droits des femmes a rendu publique l’affaire qui a suscité l’indignation générale de toute la population tchadienne.
Une réaction rapide des autorités
La réaction des autorités ne s’est pas faite attendre. Le ministre de la Sécurité publique a rapidement ordonné l’arrestation du suspect principal, et le procureur de la République a promis des sanctions exemplaires. Après avoir commenté l’affaire, un autre policier a été mis aux arrêts, accusé de faire l’apologie du viol. Belngar Larmé Jacques, président de la Commission nationale des Droits de l’Homme (CNDH), s’est rendu au domicile de la famille de la victime ce samedi. Il a témoigné de son soutien moral et physique, tout en promettant que justice serait rendue dans cette affaire, ainsi que dans d’autres dossiers suivis de près par la Commission.
« Nous serons aux côtés de toutes les victimes d’actes barbares et inhumains. Nous veillerons à ce que ces affaires, déjà portées devant la justice, soient traitées avec la plus grande rigueur, afin que la loi soit appliquée dans toute sa force », a-t-il soutenu, s’inscrivant ainsi dans la même logique que la famille de la victime qui, elle, n’attend que ça. Belngar Larmé Jacques a saisi l’occasion pour lancer un appel formel à toute la population tchadienne : « Ce qui est arrivé à cette jeune fille pourrait arriver à n’importe quelle femme. Cela doit nous interpeller collectivement. Ce combat n’est pas seulement celui du gouvernement ou de la CNDH, mais de toute la société », a-t-il laissé entendre.
Ce que risque le fautif
La loi tchadienne prévoit des sanctions exemplaires contre les personnes coupables d’actes de viol. C’est ce qu’a confié l’avocat Yannick Yonoudjim à RFI : « L’article 349 prévoit des sanctions contre le viol. Toutefois, il y a des circonstances aggravantes à l’article 350. La peine peut être relevée de 10 à 20 ans lorsqu’il y a un certain nombre de circonstances aggravantes. Lorsqu’un agent d’une force publique commet une infraction, cela constitue une circonstance aggravante ».
Mais, la loi à elle seule ne suffit pas pour décourager les criminels. Il faut encore qu’elle soit bien appliquée. Et c’est là où le problème se pose bien souvent, comme le relève la sociologue, féministe et réalisatrice tchadienne Aché Ahmat Moustapha : « On a de très belles lois, mais c’est l’application qui pose un problème. Ce sont les réalités, malheureusement, du Tchad. Ce que j’attends de voir, c’est jusqu’où vont aller cet engagement et cet engouement ».