Tchad : une tentative insurrectionnelle déjouée par l’armée


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Mahamat Idriss déby
Mahamat Idriss déby

Au Tchad, l’armée a annoncé, ce vendredi, avoir réussi à déjouer une tentative insurrectionnelle conduite par un mouvement dénommé M3M.

Dans un communiqué qu’il a publié, ce vendredi, le ministre tchadien de la Communication, Abderaman Koulamallah, indique que la Direction générale des renseignements militaires (DGRM) « tient à informer l’opinion nationale et internationale qu’un groupe d’individus bien organisé au sein du mouvement M3M a tenté de mettre à mal la sécurité de l’État ». Selon le communiqué, la Direction générale des renseignements militaires a réussi à mettre la main, le 12 janvier dernier, sur « plus de 80 membres » de ce groupe qui s’apprêtait à « mener des opérations insurrectionnelles », le lendemain, c’est-à-dire le 13 janvier.

Accusé de sacrifice humain

Pour atteindre son objectif, ce groupe a opté pour des méthodes occultes basées sur des sacrifices d’animaux – poulets, chèvres, moutons – et même le sacrifice humain. En effet, le communiqué précise qu’une tête humaine a été retrouvée « dans un sac au domicile du président du M3M ». La victime serait un homme du nom de Togyena Koina, gardien d’une quincaillerie. Le corps sans tête de cet homme a été retrouvé, le 12 janvier. Le président du mouvement et ses complices sont actuellement confiés à la justice.

Cette opération menée par la DGRM a été l’occasion pour le chef d’état-major général d’inviter les populations à la vigilance et à la dénonciation systématique de tout comportement suspect qu’elles pourraient observer.

La désignation de Mahamat Idriss Déby comme candidat du MPS en question

L’arrestation des membres de ce mouvement intervient dans un contexte particulier. Celui de la désignation, la semaine dernière, du général Mahamat Idriss Déby, président de la Transition comme candidat du Mouvement patriotique du salut (MPS), parti du maréchal Idriss Déby Itno, à la Présidentielle prévue pour cette année n’a pas laissé les Tchadiens sans réaction. L’opposition est farouchement opposée à cette désignation. La plateforme Wakit Tama ou encore le parti Union des démocrates pour le développement et le progrès (UDP) de Max Kemkoye n’ont pas caché leur position sur cette désignation. Et pour cause !

En avril 2021, Mahamat Idriss Déby, comme dans une dynastie, a pris la succession de son père tombé au front. Il avait alors promis de restaurer la légalité constitutionnelle à l’issue d’une transition de 18 mois. Mais, chemin faisant, cette transition a été prolongée de deux ans, entraînant dans le pays des manifestations réprimées dans le sang. À l’arrivée, avec sa désignation comme candidat du MPS, Mahamat Idriss Déby est en train d’oublier sa promesse de 2021 de ne pas se porter candidat. Entre ce moment et le temps présent, les délices du pouvoir ont sans doute eu raison de cette promesse qui certainement n’avait d’autre objectif que de calmer les ardeurs de ceux qui, en cet instant, dénonçaient le coup d’État.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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