Tchad : un prêt de 300 milliards de francs CFA accordé par les Émirats Arabes Unis


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Mahamat Idriss Déby, Président du Tchad
Mahamat Idriss Déby, Président du Tchad

Le Tchad a obtenu un prêt historique de 500 millions de dollars des Émirats Arabes Unis, soulevant des interrogations sur les véritables intentions derrière ce soutien.

Le Tchad vient de bénéficier d’un prêt historique de 500 millions de dollars, soit plus de 300 milliards de francs CFA, accordé par le Fonds d’Abu Dhabi pour le Développement (ADFD). Ce prêt, validé le 16 octobre 2024 par le gouvernement tchadien, représente environ 15% du budget annuel du pays pour l’année 2024. Les conditions de ce prêt, notamment un taux d’intérêt extrêmement bas de 1% sur une période de 14 ans, sont jugées très avantageuses pour le Tchad. Cependant, au-delà de l’aspect financier, des questions stratégiques se posent quant aux réelles intentions derrière ce soutien massif des Émirats Arabes Unis.

Des conditions financières alléchantes

Le ministre des Finances du Tchad, Tahir Hamid Nguilin, a salué les conditions exceptionnelles de ce prêt, qui équivaut à une subvention déguisée, puisque près de 42% de la somme est perçue comme un don. Ce soutien arrive à un moment crucial pour le Tchad, un pays à l’économie fragile, où l’accès aux financements internationaux reste difficile. Avec un taux d’intérêt si bas, bien inférieur aux taux observés sur le marché régional des capitaux (environ 5%), le Tchad bénéficie d’une opportunité rare pour financer des projets ambitieux dans les infrastructures et les services publics de base.

Des investissements prometteurs, mais une gestion sous surveillance

Ce prêt est présenté par le gouvernement comme un levier essentiel pour lancer des projets d’envergure, notamment dans la construction d’infrastructures et l’amélioration des services publics, des secteurs que le président Mahamat Idriss Déby avait identifiés comme prioritaires lors de sa campagne présidentielle en mai dernier.

Toutefois, certains observateurs, ainsi que des membres de la société civile, expriment des inquiétudes sur la transparence et la gestion de ces fonds. La société tchadienne garde en mémoire des épisodes passés où des fonds internationaux n’ont pas toujours été utilisés de manière optimale. « Il est essentiel que ces ressources servent réellement à améliorer les conditions de vie des Tchadiens et non à être détournées », prévient un analyste politique.

Des contreparties cachées ?

Si le prêt semble répondre avant tout à des impératifs économiques, des voix s’élèvent pour souligner les potentielles contreparties géopolitiques qui pourraient être associées à cette aide. En effet, la coopération entre les Émirats Arabes Unis et le Tchad intervient dans un contexte régional tendu, notamment avec la crise au Soudan voisin.

Certains médias et rapports onusiens ont émis des soupçons sur l’implication du Tchad comme pays de transit pour des armes en provenance des Émirats, destinées aux forces paramilitaires du général Hemedti, impliqué dans le conflit soudanais. Bien que ces accusations aient été fermement démenties par le gouvernement tchadien, elles continuent d’alimenter les spéculations sur les véritables intentions des Émirats dans cette région.

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