Les rebelles tchadiens se sont retirés dans la nuit de dimanche à lundi de la ville de Goz Beida, à 160 Km de la frontière soudanaise, après l’avoir occupée quelques heures. C’est la première fois qu’un mouvement hostile au président Déby avance si loin en territoire tchadien depuis l’attaque de N’djamena, en avril dernier. Les affrontements ont repris depuis un mois entre l’armée et une rébellion tchadienne affaiblit par sa division.
Les rebelles tchadiens n’avaient pas été si loin depuis le mois d’avril dernier et leur attaque sur Adré et N’djamena. Dimanche, une nouvelle coalition répondant au nom d’Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD) est entrée de près de 160 Km à l’intérieur du Tchad, depuis la frontière soudanaise, jusqu’à la ville de Goz Beïda. Elle en a pris le contrôle durant quelques heures. « Il y a eu des combats mais les forces gouvernementales n’ont pas résisté longtemps », a expliqué dimanche Acheikh Ibn Oumar, le chef du Conseil démocratique révolutionnaire (CDR), à l’AFP. Le porte-parole du gouvernement, Hourmadji Moussa Doumgor, a confirmé l’infiltration de forces rebelles à Goz Beïda, tout en affirmant qu’elles avaient été « repoussées par l’armée ». Lundi matin, ils avaient quitté la ville.
Selon Acheikh Ibn Oumar, qui est également un ancien ministre et ambassadeur tchadien, son mouvement avait fusionné le matin même avec l’Union des forces pour le progrès et la démocratie (UFPD), de l’ex-ministre de la Défense, Mahamat Nouri, et le Front uni pour le changement (FUC). Le FUC, une coalition de cinq mouvements, est à l’origine de l’attaque manquée en avril dernier sur N’djamena. Mais son chef, Mahamat Nour, a été récemment désavoué par une partie de ses hommes. Ce qui a conduit à l’explosion de la coalition.
L’opposition politico-militaire divisée
La saison des pluies a empêché les affrontements entre rebelles et forces régulières jusqu’au début du mois d’octobre. Depuis un mois, les accrochages ont repris de plus belle. Un opposant membre de l’ancien FUC, contacté par Afrik, estime que « l’UFDD ne peut pas aller trop loin car l’opposition politico-militaire est divisée. Depuis le début des affrontements, en octobre dernier, les rebelles s’observent, lorsqu’ils sont attaqués par l’armée, sans s’apporter de soutien », regrette-t-il.
Le 18 octobre dernier, c’est ainsi le Rassemblement national démocratique (RND), notamment formé avec le FNTR (Front national du Tchad rénové), qui a été visé. Dans un communiqué, il a annoncé la mort de 160 militaires tchadiens durant les combats. Il a également demandé « à la France de cesser toute ingérence dans les affaires intérieures du Tchad », faisant référence à son intervention aérienne, en avril dernier, aux côtés des forces d’Idriss Déby. Sans doute conscient de sa faiblesse, le RND a lancé « un appel à toutes les organisations sœurs afin de pouvoir concrétiser une unité sincère ». Les opposants tchadiens se réunissent les 28 et 29 octobre prochains, à Paris, pour discuter du projet qui leur a fait défaut en avril dernier.