Idriss Déby Itno, maréchal et Président du Tchad n’est plus. C’est une évidence. Mais les circonstances de sa mort demeurent encore floues et soulèvent des interrogations qui suscitent des hypothèses. L’homme pourrait avoir été purement et simplement éliminé… par les siens.
Le monde entier a appris avec surprise ce mardi la mort du maréchal du Tchad, le Président Idriss Déby Itno qui, selon les mots du haut commandement militaire, serait décédé des suites de blessures reçues sur le camp de bataille contre le Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad (FACT). « Le président de la République, chef de l’État, chef suprême des armées, Idriss Déby Itno, vient de connaître son dernier souffle en défendant l’intégrité territoriale sur le champ de bataille. C’est avec une profonde amertume que nous annonçons au peuple tchadien le décès ce mardi 20 avril 2021 du maréchal du Tchad », a annoncé le porte-parole de l’armée, le général Azem Bermandoa Agouna.
Les circonstances de ce décès continuent de susciter moult interrogations, surtout quand on voit la suite des événements : l’accaparement du pouvoir par les hommes en uniforme, avec la mise en place express d’un Conseil militaire de transition (CMT) présidé par le propre fils du défunt Président, dissolution du gouvernement et de l’Assemblée nationale, couvre-feu, fermeture des frontières, etc..
Tout ceci, alors que le pays est régi par une Constitution qui prévoit qu’en cas de vacance du pouvoir, « c’est le président de l’Assemblée nationale qui doit assurer l’intérim jusqu’aux nouvelles élections », comme l’a confié Évariste Ngarlem Toldé, doyen de la faculté des sciences juridiques et économiques de l’Université de Ndjamena à la BBC. Et l’universitaire de conclure : « ce conseil militaire de transition n’a pas sa place. Pour moi, c’est un coup d’État ».
De son côté, Faustin Facho Balaam, ex-ministre tchadien et réfugié politique, ne croit pas au décès d’Idriss Déby tel qu’annoncé par l’armée, c’est-à-dire des suites de blessures au front : « Je crois que c’est un coup d’État, ce n’est pas la mort au front », a-t-il confié aux confrères de la radio Deutsche Welle, avant de poursuivre : « Je crois que c’était un règlement de compte à l’intérieur ».
Comment ne pas aboutir à de pareilles conclusions quand on analyse objectivement le déroulé des événements, la rapidité avec laquelle les décisions ont été prises après la mort du Président tchadien ? Comment ne pas aboutir à de pareilles conclusions quand beaucoup de questions restent sans réponses concernant les circonstances réelles de la mort de celui qui vient d’être réélu pour un sixième mandat ? Où exactement était le Président Déby quand il a été atteint ? Combien de personnes sont tombées dans sa garde rapprochée ? Y a-t-il eu une faille dans son dispositif sécuritaire dirigé par son propre fils et désormais successeur, Mahamat Idriss Déby ?
Selon certaines sources non officielles, le désormais ex-Président tchadien aurait été assassiné par sa propre garde, puisque selon ces sources, le cortège d’Idriss Déby serait resté loin de la zone de combats. Le mystère reste, pour l’instant, entier, mais il y a des raisons de douter de la rectitude des informations distillées par le haut commandement militaire tchadien. Peut-être qu’un jour, la vérité finira par poindre… à l’horizon.