Tchad : Mahamat Déby relance le Congrès du MPS


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Mahamat Idriss Déby, Président du Tchad
Mahamat Idriss Déby, Président du Tchad

Le président tchadien Mahamat Idriss Déby a convoqué le 13ᵉ congrès extraordinaire du Mouvement Patriotique du Salut (MPS), prévu le 29 janvier 2025 à N’Djamena. Si cet événement, placé sous le thème ambitieux de la « Refondation du Tchad », est censé constituer une étape décisive pour le parti au pouvoir.

Il suscite également une vive controverse politique, notamment au sein de l’opposition.

Un congrès sous l’égide présidentielle

Le MPS, anciennement dirigé par Idriss Déby et principal soutien de son successeur, entend redynamiser ses rangs et structurer son action autour du programme politique du chef de l’État. Selon le porte-parole du parti, Dr Issa Doubragne, ce congrès vise à placer les militants en ordre de bataille dans le but d’accompagner les ambitions présidentielles.

Cependant, cette initiative n’est pas sans soulever des interrogations. Le président Mahamat Déby, également président d’honneur du MPS, a pris une part active dans la convocation de cet événement, une décision qui divise l’opinion publique.

Une opposition en alerte

Pour l’opposition tchadienne, cette implication directe du président dans les affaires internes du MPS constitue une entorse grave à la Constitution. Albert Pahimi Padacké, ancien Premier ministre et leader du RDNT-Le Réveil, n’a pas mâché ses mots. Sur Facebook, il a rappelé que l’article 77 de la Constitution interdit formellement au président de la République toute activité au sein d’un parti politique.

Selon lui, la décision de Mahamat Déby représente une « menace pour le pluralisme politique ». ce choix traduit  également une confusion préoccupante entre les affaires de l’État et la gestion du parti. Une position partagée par Max Kemkoye, une autre figure de l’opposition, qui accuse le président de privilégier les intérêts du MPS au détriment de la nation.

Une légitimité contestée

Face à ces accusations, le MPS défend la légalité de ses actions. Le Dr Doubragne insiste sur le fait que la régulation du parti par son président d’honneur est conforme aux statuts adoptés lors du Congrès extraordinaire précédent. Il rappelle que seules les institutions compétentes, comme le Conseil constitutionnel, peuvent statuer sur cette question.

En attendant, le congrès s’annonce comme un moment clé pour le MPS, qui devra convaincre au-delà de ses rangs, dans un climat marqué par une polarisation politique croissante.

Refondation ou consolidation du pouvoir ?

Le thème du congrès, « Le MPS à l’ère de la Refondation du Tchad », soulève de grandes attentes parmi les militants. Mais pour beaucoup d’observateurs, il s’agit surtout d’une stratégie pour consolider le contrôle du président Mahamat Déby sur la scène politique nationale.

Ce rendez-vous sera décisif pour l’avenir du MPS et pourrait bien redéfinir les équilibres politiques au Tchad. L’opposition, elle, reste vigilante et promet de continuer à dénoncer toute dérive institutionnelle. Une refondation nationale véritable semble encore suspendue aux défis de gouvernance et de dialogue politique.

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