Près de 140 000 Tchadiens ont fui leurs maisons et vivent dans des campements sordides des zones désertiques de la région Est du Tchad, depuis l’attaque de leur villages en 2005. Fatime, l’une d’entre eux, se confie sur les dangers et les souffrances qu’ils endurent.
Les associations de défense des droits humains et les Nations Unies condamnent ce conflit intercommunautaire complexe et insensé, ainsi que les violentes attaques des miliciens janjawid soudanais. Toutefois, la proposition des Nations Unies de déployer une force de maintien de la paix chargée de protéger les populations civiles et les frontières du Tchad a été rejetée par les autorités de ce pays.
Fatime est une jeune femme d’un village proche de Koloy. L’année dernière, elle a fui sa maison pour se réfugier dans un campement proche de Gouroukoun, et elle se confie à IRIN.
« Nous avons été chassés de notre village et avons tout perdu. Nos maris et enfants ont été tués, et nous n’avons plus dans nos bras que de petits orphelins. Nos maisons ont été brûlées.
Nous avons parcouru près de 150 kilomètres pour arriver ici, mais nous nous retrouvons avec les mêmes problèmes d’accès à l’eau et de sécurité qui nous ont fait fuir nos villages.
Dans le campement où nous vivons depuis quelques mois, il n’y a ni abris, ni argent, ni nourriture. Nous dormons à même le sol. Pour pouvoir nous acheter des vivres, nous avons dû vendre les bâches et les pieux qui nous ont été donnés l’année dernière pour construire nos abris. Pour trouver de l’eau, il nous faut marcher jusqu’au [camp de réfugiés] de Goz Beida ou nous rendre dans d’autres camps.
Lorsque nous sortons chercher du bois, les milices janjawid nous tuent et nous violent comme ils veulent. Une femme est ainsi sortie du campement et elle a été retrouvée quelques jours plus tard avec la gorge tranchée. Auparavant, ce sont des hommes qui travaillaient dans un champ qui avaient été retrouvés morts.
Je connais cinq femmes qui ont récemment été violées et torturées par les miliciens janjawid.
Nous avons tout abandonné dans nos villages. Nous y avons laissé toutes nos réserves de nourriture et nos animaux ont péri depuis bien longtemps. Ce sera peut-être notre tour demain ».
Photo: Nicholas Reader/IRIN. Femmes dans un campement de déplacés tchadiens, près de Dogdore