Le Tchad se prépare pour un scrutin historique le 29 décembre, la première élection législative depuis 2011.
Le 29 décembre 2024, le Tchad s’apprête à vivre un moment historique avec la tenue des élections législatives, provinciales et communales, les premières depuis 2011. Cette annonce, faite par Ahmed Barticheret, président de l’Agence nationale de gestion des élections (ANGE), marque une étape clé pour le pays, encore sous le coup d’une transition politique délicate. Pour certains, cette élection est une promesse de retour à l’ordre constitutionnel, tandis que d’autres y voient une tentative précipitée de clore un chapitre incertain.
Un calendrier électoral sous pression
L’agenda électoral est désormais fixé : les dépôts de candidatures sont attendus entre le 19 et le 28 octobre 2024, et les résultats définitifs seront publiés le 3 février 2025. Cependant, l’organisation de ce scrutin repose sur l’ancien fichier électoral, faute de temps et de moyens pour un nouveau recensement. Cette décision soulève des critiques, notamment de la part de la société civile et de certains partis d’opposition, qui dénoncent un découpage électoral inéquitable. Jean Bosco Manga, figure emblématique de la société civile, estime que ce calendrier est « une consécration au forceps » et qu’il ne permet pas d’organiser des élections réellement transparentes.
Le Mouvement Patriotique du Salut (MPS), parti au pouvoir, affiche sa confiance et se dit prêt pour ces échéances. Selon Mahamat Zen Bada, secrétaire général du MPS, « il faut absolument que l’on fasse un retour à l’ordre constitutionnel » pour clore la transition d’ici fin 2024. Pourtant, l’opposition reste sceptique, voyant dans ce scrutin une manœuvre pour légitimer le régime actuel sans véritable ouverture démocratique. Le parti Les Transformateurs de Succès Masra, par exemple, se prépare à une convention en septembre, tout en dénonçant les conditions dans lesquelles ces élections sont organisées.
Une société civile entre espoir et désillusion
Dans ce contexte, la société civile tchadienne est divisée. Tandis que certains espèrent que ces élections permettront de tourner définitivement la page de la transition, d’autres craignent que le processus électoral soit biaisé dès le départ. Le calendrier serré et l’absence de réformes électorales profondes sont perçus comme des obstacles majeurs à la tenue d’un scrutin libre et transparent. Le Tchad, déjà fragilisé par des années d’instabilité, doit maintenant faire face à un défi de taille : organiser des élections crédibles qui puissent véritablement refléter la volonté du peuple.