Ce lundi 6 mai 2024, la population tchadienne est attendue dans les urnes pour choisir le président de la République. Sur place, le vote a débuté depuis 6h heure locale. Beaucoup sont convaincus que cette élection est sans enjeu, puisque le jeu semble plié d’avance.
Depuis 6h heure locale et 5h GMT, les bureaux de vote (environ 26 536, dont 90 à l’étranger) sont ouverts sur le territoire tchadien attendant des quelques 8.2 millions d’électeurs inscrits qu’ils glissent leurs bulletins dans les urnes en vue de désigner le prochain président de la République. Ces bureaux de vote resteront ouverts durant 11 heures, puisque la fermeture est prévue pour 17h heure locale ou 16h GMT.
10 candidats en lice
Ils sont au total 10 candidats en lice après l’invalidation des dossiers de 10 autres prétendants. Parmi eux, les principaux sont : Mahamat Idriss Déby, actuel président de la Transition et super favori du scrutin ; Succès Masra qui a troqué sa chemise d’opposant contre un costume de Premier ministre de celui dont il combattait farouchement l’action, il y a tout juste quelques mois encore ; d’aucuns ne voient en lui qu’un faire-valoir pour Mahamat Idriss Déby. L’ancien Premier ministre Albert Pahimi Padacké fait également partie des principaux candidats à cette Présidentielle. Les deux premiers (Mahamat Idriss Déby et Succès Masra) ont déjà voté, ce matin.
Suivant le calendrier électoral communiqué, les résultats définitifs de ce premier tour ne sont pas attendus avant le 5 juin, soit dans un mois. Et s’il devait y avoir un second tour, il devra être organisé le 22 juin. Mais, beaucoup de Tchadiens, y compris des organisations de la société civile, étaient convaincus, depuis longtemps, que les dés étaient pipés.
Un scrutin pour la forme
Depuis plusieurs semaines, l’opposition et la société civile tchadiennes n’ont cessé de dénoncer une « mascarade » électorale que la plateforme Wakit Tama a invité la population à boycotter purement et simplement. Pour cette plateforme de l’opposition, le scrutin est « gagné d’avance » par Mahamat Idriss Déby. Vendredi dernier, c’est au tour de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) de dénoncer une « élection qui ne semble ni crédible, ni libre, ni démocratique », et qui se tient « dans un contexte délétère marqué par (…) la multiplication des violations des droits humains ». Position partagée par l’ONG International Crisis Group (ICG), qui ne cache pas non plus ses « doutes sur la crédibilité du scrutin ». Pour les deux organisations, les deux institutions en charge du scrutin que sont le Conseil constitutionnel et l’Agence nationale de gestion des élections (ANGE), dont les membres sont nommés par Mahamat Idriss Déby, ne semblent pas indépendantes.
Dans les faits, ce ne sont pas les raisons de douter de la crédibilité de cette élection qui manquent. En dehors de l’éviction de tous les candidats qui auraient pu représenter une réelle opposition face à Mahamat Idriss Déby, il y a le fameux communiqué publié par l’ANGE, il y a quelques jours, pour interdire de photographier les procès-verbaux du scrutin. Ceci, après que le Premier ministre candidat, Succès Masra, a appelé ses militants « à être la sentinelle du vote » en prenant des photos des procès-verbaux de dépouillement. Une telle interdiction ouvre manifestement la voie à toutes sortes de manipulations des chiffres. C’est à se demander si l’ANGE est vraiment un ange ou plutôt un démon.