Le triomphe du Mouvement Patriotique du Salut (MPS) aux législatives tchadiennes, malgré une faible participation et un boycott de l’opposition, soulève des interrogations sur l’avenir démocratique du pays en pleine transition politique.
Après trois années d’attente, les élections législatives ont enfin eu lieu au Tchad. Le Mouvement Patriotique du Salut (MPS), au pouvoir depuis plus de trois décennies, en est ressorti largement victorieux. Cela consolide sa domination politique dans un examen marqué par un fort boycott de l’opposition.
Un raz-de-marée pour le MPS
Le 29 décembre dernier, les urnes ont rendu leur verdict : le MPS, dirigé par le président de transition Mahamat Idriss Déby Itno, a raflé 124 des 188 sièges de l’Assemblée nationale selon les résultats provisoires annoncés par l’Agence nationale de gestion des élections (Ange). Ce résultat confère au parti au pouvoir une majorité absolue et permet à Déby Itno de renforcer son emprise sur les institutions politiques du pays.
Avec une nette avance, le MPS a dépassé de loin le RNDT-Le Réveil, le parti de l’ancien Premier ministre Albert Pahimi Padacké, qui n’a obtenu que 11 sièges. Une trentaine de petits partis, quant à eux, n’auront qu’un élu chacun, caractérise la fragmentation de l’opposition.
Une participation en demi-teinte
Malgré l’importance de ce contrôle, le taux de participation n’a atteint que 51,56 %, révélant une mobilisation mitigée des électeurs. Plusieurs facteurs expliquent ce chiffre : le jour de l’examen, un dimanche réservé aux cultes pour une fête de la population, et la période des fêtes de fin d’année, peu propice à un fort engouement populaire.
En outre, le boycott massif orchestré par le principal parti d’opposition, Les Transformateurs, a amplifié cette désaffection des urnes. Qualifiant le processus électoral de « mascarade », le parti de Succès Masra a déclaré des « résultats préfabriqués », une accusation rejetée par le MPS comme une « stratégie destructrice ».
Des résultats contestés mais attendus
Ces élections, les premières depuis 2011, s’inscrivaient dans une transition politique déjà évoquée pour son manque d’inclusivité. Alors que les chiffres définitifs sont attendus d’ici le 3 février, l’opposition dispose d’un délai de cinq jours pour contester les résultats.
Cependant, le contrôle quasi-total de l’Assemblée par le MPS ne laisse que peu de place aux voix dissonantes. Cette situation alimente les craintes d’un renforcement du pouvoir personnel au détriment de la démocratie.
Une Assemblée nationale aux défis multiples
Avec une majorité écrasante, le MPS aura la mainmise sur les nouvelles réformes législatives et institutionnelles, notamment pour entériner les changements amortis lors du référendum constitutionnel.
Toutefois, l’absence d’un véritable contre-pouvoir au sein de l’hémicycle pose des questions sur la capacité de l’Assemblée à représenter toutes les sensibilités politiques du pays. Alors que le Tchad traverse une période de transition délicate, cette situation pourrait accentuer les tensions entre le pouvoir et une opposition marginalisée.