L’armée tchadienne aurait remporté les premiers combats qui l’ont opposée ces derniers jours aux troupes de l’Union des forces de la résistance (UFR), une alliance de neuf groupes rebelles du Tchad. Alors que les forces loyalistes crient victoire, les insurgés qui sont entrés sur le territoire le 4 mai, en provenance du Soudan voisin, affirment que rien n’est encore joué. Ils promettent de se regrouper et de revenir à l’attaque. Pendant ce temps, entre N’Djamena et Khartoum, les relations diplomatiques s’enveniment. Idriss Déby Itno, le président tchadien, menace même de rompre avec son voisin.
« Un repli tactique ». C’est ainsi que l’Union des forces de la résistance (UFR), une alliance de neuf groupes rebelles du Tchad, a qualifié sa défaite après les combats de ces derniers jours dans l’est du Tchad. « Ce n’est pas fini. Nous nous regroupons, on s’occupe des blessés, on se prépare. La situation est calme, mais vous verrez ça va reprendre », a assuré un membre de cette union.
Les combats qui ont opposé, jeudi et vendredi, les soldats tchadiens et aux rebelles de l’UFR ont tourné en faveur des forces gouvernementales. Une source militaire française interrogée par l’AFP, à N’Djamena, a signalé, dimanche, une « victoire nette » de l’armée sur les rebelles. Un millier de soldats français sont stationnés au Tchad dans le cadre d’un accord bilatéral qui permet au Tchad de bénéficier des renseignements de l’armée française. « Je crois, a affirmé la source militaire, qu’on peut dire qu’on est dans une phase finale [des combats] dimanche. C’est une victoire nette de Déby. Les rebelles rebroussent chemin ».
La rébellion dispose toujours d’un potentiel humain et matériel
A la télévision nationale tchadienne (TNT), des images des rebelles tués lors des affrontements et celles des prisonniers étaient diffusées en boucle, ce week-end. Le gouvernement tchadien fait état de 247 morts (225 rebelles, 22 militaires) et 212 rebelles capturés jeudi et vendredi pendant les combats au sud d’Abéché, ville stratégique de l’est du pays, située à environ 600 km de N’Djamena, la capitale.
Un observateur étranger de l’actualité tchadienne a, cependant, indiqué au quotidien français Le Figaro que les rebelles disposent encore d’un « potentiel » matériel et humain. « C’est arithmétique », affirme-t-il. Selon lui, lorsqu’on compare les chiffres du bilan aux milliers de rebelles annoncés, le compte n’y est pas. Même chose pour les véhicules. Entre 300 et 400 pick-up étaient signalés. Les autorités ont déclaré en avoir capturé et détruit une centaine. « Il reste forcément des forces rebelles quelque part », indique l’observateur qui ajoute que s’ « il y a une victoire militaire sur le terrain, on ne peut pas totalement écarter une nouvelle attaque rebelle. »
Idriss Déby menace de rompre avec Khartoum
Parallèlement, les relations entre le Tchad et le Soudan ne s’améliorent pas. Les deux pays qui venaient pourtant de signer, le 3 mai, un accord de réconciliation, à Doha au Qatar, s’accusent mutuellement de soutenir sur leurs territoires respectifs des rebelles. Idriss Déby, le président tchadien, a menacé samedi, lors d’un Conseil de ministre, de rompre diplomatiquement avec Khartoum. Il envisage même la fermeture d’écoles et de centres soudanais dans son pays.
Khartoum a réagi illico presto en accusant son voisin de soutenir des rebelles du Darfour. Le Soudan s’est dit prêt à repousser toute attaque contre son territoire. D’après Moustafa Osmane Ismaïl, le conseiller du président Omar el-Béchir, « la normalisation des relations (bilatérales) dépend de l’arrêt par le Tchad de son soutien à des factions armées à l’origine du conflit au Darfour, en particulier le Mouvement pour la Justice et l’égalité (JEM) ». Le Tchad est soupçonné d’avoir fourni des armes et des munitions au JEM qui avait lancé, en 2008, une attaque contre la capitale soudanaise.
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