Mahamat Idriss Déby veut faire les choses plus vite que son maréchal de père. Il n’aura pas attendu longtemps pour s’affubler des titres les plus ronflants de la hiérarchie militaire. Le jeune Président tchadien déjà propulsé général d’armée a des rêves « maréchalesques » qui viennent de se concrétiser avec l’adoption de la proposition par le Conseil national de transition (CNT).
Son père, Idriss Déby Itno, aura lui au moins passé 30 ans au pouvoir avant d’être élevé à la dignité de maréchal, le titre suprême dans la hiérarchie militaire. Chez le fils, tout évolue à la vitesse de la lumière. Ce lundi, le Conseil national de transition (CNT) entièrement acquis à la cause du parti au pouvoir a voté une résolution élevant au rang de maréchal du Tchad le jeune général. La résolution a été votée à une majorité écrasante : 160 voix pour, 2 contre et 6 abstentions. La raison derrière cette élévation : des « services rendus à la nation et les nombreuses victoires militaires remportées à l’intérieur et à l’extérieur du pays ».
Général d’armée après sept mois d’exercice du pouvoir d’État
Du vivant de son père, Mahamat Idriss Déby avait déjà été catapulté, en 2018, général de corps d’armée, à seulement 34 ans. C’est avec ce grade très élevé pour son âge que le jeune général héritera du pouvoir d’État à la mort inattendue de son père, en avril 2021, au front. Très vite, Mahamat Idriss Déby verra les quatre étoiles trop insignifiantes pour le militaire de génie qu’il est. Il lui fallait les cinq étoiles des généraux d’armée, le grade le plus élevé de la hiérarchie militaire que seul son père avait atteint, jusque-là. Le 1er décembre 2021, Mahamat Idriss Déby devient général d’armée.
Cette autopromotion avait suscité de vives réactions dans le pays. « Finalement, on est dans le même système avec les mêmes méthodes, les mêmes procédés, la même volonté et la même détermination », a regretté Sitack Yombatina Béni, juriste et enseignant-chercheur. « Nous ne savons pas très bien ce qu’il a fait d’exceptionnel pour mériter cette distinction fut-elle venant du Conseil militaire de transition », a fait remarquer le coordonnateur mouvement citoyen PACT (Projet pour une alternance crédible au Tchad).
Face à ces récriminations, la seule explication que les proches de Mahamat Idriss Déby ont avancée, c’est qu’il fallait le distinguer des autres généraux à quatre étoiles membres de la junte. Une explication somme toute très peu convaincante.
Vers la confiscation du pouvoir ?
Cette course à l’accumulation des grades et titres qui caractérise Mahamat Idriss Déby est-elle bon signe pour ceux qui rêvent un jour d’une alternance pacifique à la tête du Tchad ? Certainement pas. Tous les actes posés par Déby fils depuis qu’il est au pouvoir montrent qu’il pose délicatement ses pas dans ceux de son père. Mais à une vitesse encore plus rapide. Général d’armée après moins de huit mois d’exercice du pouvoir, il est désormais maréchal du Tchad, égalant son défunt père en tout. Des signaux qui montrent que, comme son père, qui a accaparé le pouvoir jusqu’à sa mort, lui-même ne lâchera pas prise de sitôt.
Déjà, la Présidentielle de mai 2024 caractérisée par une opacité qui crève l’œil donne un avant-goût des élections à venir au Tchad tout le temps que Mahamat Idriss Déby encore jeune sera aux affaires. Sans doute, le Président du Tchad est un amoureux du pouvoir, du pouvoir total, peut-être même absolu. La folie des grandeurs, l’accumulation des titres ronflants ne sont que l’une des facettes des hommes qui aiment le pouvoir. Et sur cette liste, Mahamat Idriss Déby Itno fait une entrée remarquable. Du haut de ses quarante piges qui font de lui un très jeune maréchal.