Disparu des radars depuis quelques semaines, après la tentative manquée de son arrestation, Yaya Dillo Djerou, farouche opposant au régime d’Idriss Déby Itno, refait surface à N’Djaména et donne une conférence de presse, ce vendredi. Si l’opposant n’est pas du tout en phase avec le Conseil militaire de transition, il constate toutefois son existence et demande qu’un dialogue inclusif soit organisé.
En fuite depuis l’attaque de sa résidence par des unités de la garde présidentielle tchadienne, en février dernier, l’ex-rebelle et opposant au régime du Président Idriss Déby Itno, Yaya Dillo Djerou, a effectué son retour à N’Djaména, cette semaine. L’information avait été donnée par le média local Tchad One, le mardi 27 avril avant que le personnage ne se présente en public. Ce vendredi, l’ex-fugitif s’est prononcé sur l’actualité politique de son pays à l’occasion d’une conférence de presse. Occasion pour lui d’exprimer son désaveu du Conseil militaire de transition (CMT).
« Pour nous, il est difficile aussi d’admettre qu’un nouveau pouvoir s’installe au nom de l’illégalité », a-t-il fait observer. Mais, réaliste et conscient du fait que le Conseil militaire est déjà en place, il poursuit : « Entre le marteau et l’enclume, nous avons fait un choix judicieux pour préserver la stabilité du pays, et aussi permettre à la vie nationale de vivre dans la quiétude. Nous exigeons à ce qu’il y ait un dialogue inclusif, incluant non seulement des acteurs politiques, mais aussi les syndicats, les organisations des droits humains, la diaspora, etc., pour que tous ensemble nous dessinions, redessinions le Tchad nouveau que nous voulons tous ».
Puis il ajoute : « Nous demandons aux nouvelles autorités qu’aucune exception ne doit être faite en ce qui concerne la réconciliation des Tchadiens dans leur globalité, de l’intérieur aussi bien que de l’extérieur, notamment les politico-militaires et aussi la diaspora, pour que notre pays vive dans un processus réellement démocratique ».
Même si le leader du Front nouveau pour le changement n’entend pas fait partie du gouvernement de transition à mettre en place, il souhaite que cette transition se passe dans la paix, sans possibilité de renouvellement de son mandat.
Mais Yaya Dillo Djerou exige par-dessus tout un changement de système. Il ne « sera pas admissible que les nouvelles autorités reprennent le système ancien, dans son intégralité, avec les mêmes hommes et les mêmes méthodes. C’est cela que nous allons contester. Nous nous donnons la chance de tourner définitivement la page. Tous ceux qui ont fait du mal, nous les pardonnons, mais à condition que les nouvelles autorités tournent la page noire que nous avons connue durant de nombreuses années. Il ne sera pas admissible que le système de gouvernance de feu le Maréchal Déby soit adopté par son fils », a tranché l’opposant.
Candidat déclaré à la dernière Présidentielle au Tchad, Yaya Dillo Djerou avait vu son domicile attaqué par la garde présidentielle tchadienne qui a tué à l’occasion sa mère et son fils. Lui-même avait réussi à s’échapper. Sans aucune surprise, son dossier de candidature avait été rejeté.