Le Réseau des associations de défense des droits de l’Homme au Tchad (ADH) dénonce « la déportation de 74 enfants tchadiens » en France, par l’association française l’Arche de Zoé en septembre. Il a porté plainte auprès du parquet de N’Djamena, la capitale tchadienne. L’Arche de Zoé est actuellement poursuivie pour l’enlèvement de 103 enfants en majorité tchadiens.
Le réseau des Associations de défense des droits de l’Homme au Tchad (ADH) a été contacté par les familles de 74 enfants supposés enlevés. Après avoir mené sa propre enquête, l’ONG a prévenu la justice tchadienne par lettre mardi. Les 74 enfants, âgés d’un à six ans, auraient été acheminés en France le 17 septembre par avion. Le premier substitut du procureur général de N’Djamena, Masngarel Kagah, en charge du dossier, a commencé une enquête, même si pour l’heure cette plainte semble être fondée sur des éléments sujets à caution.
Selon la copie du texte de la plainte reçue par l’AFP, le réseau ADH a trouvé une réservation d’un billet de train en France au nom d’Alain Péligat, l’un des six membres de l’organisation française l’Arche Zoé, détenu au Tchad. Il s’agit d’une réservation concernant un trajet prévu le 17 septembre dernier entre le Mourmelon-le-Petit, dans le nord-est de la France, et une autre localité française. Le billet porte les mentions « voiture 15 » et « place 74».
Cette dernière information constitue pour les responsables gouvernementaux et les militants tchadiens une « preuve » attestant que les 74 enfants avaient été acheminés vers la France. D’après la plainte, « soixante quatorze enfants ont atterri le lundi 17 septembre à Mourmelon, petit aéroport militaire » et ont « été embarqués sur la voiture numéro 15 (du train) qui dispose de 74 places à destination de Paris ». La destination des enfants demeure toutefois trouble. M. Kagah a affirmé, selon l’Associated press (AP), que certains avaient « pris le train pour la gare de Chalons » et les autres « pour une destination inconnue ».
Vraies ou fausses accusations
Selon le porte parole du ministère de la Défense, le capitaine Christophe Prazuck, seule « une bande d’herbe de 950 mètres de long » destinée aux parachutistes, sur le sur camp d’entraînement de Mourmelon, aurait pu servir comme piste d’atterrissage. Or, comme il l’a mentionné à l’AP, « le 17 septembre, qui est la date incriminée, je n’ai aucune trace de mouvement aérien sur cette bande ».
Malgré la polémique autour de cette affaire, M Kagah assure à l’AP que ces « enfants ont été effectivement enlevés » et qu’il se peut que les responsables de cet enlèvement ne soient pas liés à l’Arche de Zoé.
En France, la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères Pascale Andreani, a indiqué que « cette information faisait partie des rumeurs qui circulaient autour de l’affaire de l’Arche de Zoé » et qu’elle « était sans fondement ».
Le porte parole de l’Arche de Zoé, Christophe Letien a quant à lui assuré jeudi à l’AP, que l’Arche de Zoé n’y était pour rien dans cette histoire assurant « qu’il n’y avait absolument rien avant et qu’il n’était pas au courant de cette affaire ». « Il y a un seul avion qui a été affrété et c’est l’avion qui est encore posté là-bas, à Abéché » dans l’est du Tchad, a-t-il conclu.
Cette plainte fait écho au fait que les 103 enfants enlevés par l’Arche de Zoé portaient des bracelets numérotés de un à 118. Quinze numéros manquants. Quinze enfants qui pourraient avoir disparu. A ce sujet, Maître Abdou Lamia a expliqué jeudi à l’AFP que l’Arche de Zoé, après avoir questionnée les enfants qui devaient être évacués en France, avait décidé d’en renvoyer 15 dans leur village d’origine.
Le 26 octobre, Idriss Déby, le président tchadien avait mentionné l’hypothèse des enfants « manquants ». Selon l’AFP, il avait affirmé que le voyage d’enfants tchadiens en Europe par la même ONG ne devait pas être le premier et que « si tel était le cas, le Tchad userait de tous ses droits » pour la sanctionner.