Le directeur de la publication de N’Djaména-Hebdo, Yaldet Bégoto Oulatar, a été arrêté vendredi dernier par la police tchadienne pour complicité de diffamation. Libéré provisoirement, il passera devant les juges le lundi 20 novembre. Nous l’avons joint vendredi et recueilli son appel à l’aide à la communauté internationale.
Afrik.com : Quelles sont raisons invoquées par les autorités tchadiennes pour procéder à votre arrestation ?
Yaldet Bégoto Oulatar : J’ai publié la tribune libre d’un fonctionnaire à la retraite, Garondé Djarma, sur le pogrom de Zaouia, en Libye. De nombreux Tchadiens y ont été lynchés par des xénophobes libyens. L’article n’a rien de choquant ou de provocateur. Garondé Djarma demandait aux autorités tchadiennes de réagir. C’est la moindre des choses !
Il a aussi mis en cause la responsabilité d’un ancien ambassadeur libyen dans la disparition d’un opposant tchadien dans les années 80. Avec tous les détails de l’opération. La Libye n’a fait aucun commentaire sur cette information.
Afrik.com : Croyez-vous que le régime tchadien ait agi sur ordre de Tripoli ?
Y.B.O. : Je n’en sais rien. Il est clair, par contre, que le Tchad a besoin de l’aide financière de la Libye pour faire face à la rébellion de Tibesti.
Afrik.com : Comment s’est passé votre arrestation ?
Y.B.O. : J’étais en train de dîner avec un confrère chinois quand mon épouse m’a appelé pour me prévenir que la police a investi simultanément les locaux du journal et mon domicile. Je me suis présenté aussitôt au commissariat pour faire une déposition. Je me suis retrouvé derrière les barreaux !
Afrik.com : Et votre libération ?
Y.B.O. : La police ne pouvait pas me garder plus longtemps sans enfreindre la loi. La mobilisation de mes confrères a été aussi un facteur déterminant.
Afrik.com : Qu’en est-il de votre chroniqueur ?
Y.B.O : Garondé Djarma a été torturé au commissariat central de N’Djaména. Il a été placé sous mandat de dépôt et écroué. Je suis très inquiet à son sujet.
Afrik.com : Comment voyez-vous la suite du procès ?
Y.B.O. : Il n’y a rien sur le fond de l’affaire. Mais j’ai peur que l’on me ressorte le jugement de 1998 qui me condamnait à deux ans de prison avec sursis et à 100 000 francs d’amende suite à une plainte du président Idriss Déby.
Afrik.com : Quel est l’avenir de la presse tchadienne ?
Y.B.O. : Je ne sais pas. Son présent est obscur. La liberté d’opinion prend un coup avec cette affaire. Sans débats d’opinion, il n’y a pas de liberté de la presse et donc d’opinion.
Afrik.com : Que peut faire la presse internationale pour vous aider ?
Y.B.O. : Je demande à mes confrères de lancer un appel pour que leurs lecteurs écrivent aux autorités tchadiennes (ministère de la justice, ambassades, présidence…) afin que ces dernières cessent de harceler les journalistes.