Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, entame une tournée clé au Tchad et en Éthiopie. Cette visite aborde des enjeux majeurs : l’aide humanitaire, l’avenir militaire français en Afrique et la réforme des institutions internationales, notamment du Conseil de sécurité de l’ONU.
Dans un contexte de tensions et de repositionnements géopolitiques, Jean-Noël Barrot, ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, entame une visite cruciale en Afrique subsaharienne. Cette tournée, qui débute ce 27 novembre 2024 au Tchad avant de se poursuivre en Éthiopie, se distingue par ses enjeux multiples : une réponse à la pire crise humanitaire au monde, un avenir militaire à clarifier et une diplomatie réformiste à promouvoir. Que cache cette visite ? Entre engagements affichés et intérêts stratégiques, la France tente de redéfinir sa place sur le continent.
Tchad : la frontière soudanaise, un symbole de l’urgence humanitaire
La première étape de cette visite a conduit Jean-Noël Barrot à Adré, une localité tchadienne située à la frontière avec le Soudan. Cette région est le théâtre d’une crise humanitaire sans précédent, marquée par un afflux massif de réfugiés fuyant les violences soudanaises.
En avril dernier, la France avait orchestré une conférence internationale permettant de mobiliser deux milliards d’euros de promesses de dons pour faire face à la catastrophe. Cependant, la situation n’a pas été arrêtée de se détériorer, l’ONU qualifiant cette crise comme la plus grave au monde. Lors de cette visite, Jean-Noël Barrot entend délivrer un message fort : « La France tient ses engagements. »
Mais cette démonstration de solidarité suffira-t-elle à restaurer la confiance dans l’aide internationale, alors que les fonds peinent à atteindre les populations concernées ?
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N’Djamena : la présence militaire française sur la sellette
Après Adré, la capitale tchadienne, N’Djamena, sera l’occasion pour le ministre d’aborder un sujet épineux : l’avenir des bases militaires françaises au Tchad. La France, historiquement présente dans la région pour lutter contre le terrorisme, revoit désormais son engagement militaire sur le continent.
Ce repositionnement s’inscrit dans une volonté de Paris de réduire son empreinte militaire en Afrique tout en favorisant des partenariats plus équilibrés. Les discussions avec les autorités tchadiennes seront déterminantes pour établir une nouvelle feuille de route et répondre aux interrogations croissantes sur la pertinence de la présence française.
Cette rencontre pourrait également être le prélude à un réalignement stratégique plus large, touchant d’autres pays de la région.
Éthiopie : réformer les institutions internationales
La deuxième étape du voyage mènera Jean-Noël Barrot en Éthiopie, à Addis-Abeba, siège de l’Union africaine. Cette visite met en lumière une ambition majeure de la diplomatie française : promouvoir une réforme des institutions internationales, notamment du Conseil de sécurité de l’ONU.
Paris soutient l’attribution de deux sièges permanents aux pays africains, une revendication de longue date de l’Union africaine. Cette proposition vise à améliorer la représentation du continent sur la scène mondiale, tout en renforçant les liens diplomatiques entre la France et ses partenaires africains.
Ce soutien s’inscrit dans un contexte où d’autres puissances, telles que la Chine et la Russie, rivalisent d’influence en Afrique. La France espère ainsi réaffirmer son rôle en tant qu’allié privilégié dans la défense des intérêts africains au sein des grandes instances internationales.
Une visite stratégique sous haute surveillance
Cette tournée de Jean-Noël Barrot illustre la complexité des relations franco-africaines, marquées par des attentes souvent contradictoires. Entre la nécessité d’une réponse humanitaire immédiate, les ajustements d’une présence militaire contestée et l’ambition de réformes globales, la France joue une partie délicate.
Ce déplacement permettra-t-il à Paris de regagner la confiance de ses partenaires africains ? Plus qu’une simple visite diplomatique, ce voyage pourrait bien redéfinir les contours de la politique française en Afrique subsaharienne, à un moment où les défis, qu’ils soient locaux ou globaux, n’ont jamais été aussi pressants.