Exercer son métier de journaliste au Tchad n’est pas de tout repos. Le journaliste Eric Topona et le blogueur Jean Laokolé accusés de complot début mai à l’encontre du Président se sont vus condamnés à une peine de trois ans de prison avec sursis. Joint par Afrik.com , l’avocat d’Eric Topona revient sur la condamnation de son client.
Le tribunal de première instance de N’Djamena a condamné, lundi, à trois ans de prison avec sursis le journaliste Eric Topona et le blogueur Jean Laokolé, accusés de complot, début mai, contre le Président Idriss Déby Itno. Les deux journalistes sont accusés « de diffamation et de complot d’atteinte à l’ordre public ». Ils auraient échangés des mails dans lesquels ils projetaient d’appeler au soulèvement populaire. Des faits contestés par les deux journalistes. Selon Maître Adolphe Dekoutou , joint par Afrik.com, « trois ans de condamnation, c’est beaucoup trop ».
Le secrétaire général de l’Union des Journalistes Tchadiens (UJT) et ancien journaliste de la radio nationale Eric Topona a été emprisonné le 6 mai. Jean Etienne Laokolé, auteur, activiste, blogueur et travailleur humanitaire tchadien, a été incarcéré le 22 mars. Une condamnation suscitant beaucoup d’interrogations, contestée par les ONG.
Une condamnation contestée
Joint par Afrik.com, Eric Topona n’a pas souhaité s’exprimer. Son avocat, Maître Adolphe Dekoutou estime qu’il va falloir « démontrer que l’accusation ne porte sur rien à part des échanges de mails ». Il déclare ignorer par ailleurs comment l’accusation s’est procurée ces mails incriminant son client. « Pour l’accusation, il s’agit tout simplement de les faire taire », estime l’avocat qui compte démontrer que la condamnation n’est pas justifiée.
La condamnation de ces deux journalistes suscite la polémique dans le pays. L’ONG Reporters sans frontières (RSF) a lancé une pétition réclamant la libération des deux journalistes ainsi que celle d’Avenir Moussey de la Tchire, directeur de la publication du journal indépendant Abba Garde. Ce dernier emprisonné depuis le 7 mai, attend toujours son jugement. Il est accusé « d’incitation à la haine et au soulèvement populaire », à la suite de la diffusion de plusieurs articles critiques sur le régime Déby. Selon Reporters sans frontières, ces trois journalistes « ne sont pas des comploteurs » mais « des acteurs de l’information indépendants ou proches de l’opposition qui assurent une couverture critique de la situation au Tchad ».
Maître Adolphe Dekoutou a par ailleurs fait appel de cette décision et compte bien, le moment venu, défendre becs et ongles son client qui, selon lui, a le moral.