Ce dimanche 29 est une journée importante pour le Tchad. Le pays, placé sous un régime spécial depuis 2021, voit près de 8 millions d’électeurs convoqués aux urnes pour des élections législatives, provinciales et locales.
Ces examens sont présentés par le pouvoir comme la dernière phase d’une transition politique initiée après la mort du président Idriss Déby Itno. Toutefois, l’opposition, sceptique quant à la transparence du processus, a décidé de boycotter les élections. Elle dénonce ainsi des pratiques frauduleuses.
Des soupçons de fraude omniprésents
Les accusations de l’opposition se multiplient. En effet, disparition des bulletins de vote, contrôle suspect du processus électoral par l’Agence nationale de gestion des élections (Ange), et « résultats fabriqués à l’avance » alimentent les tensions. À ce propos, à la veille de l’examen, plus de 1 000 bulletins auraient disparu dans la sous-préfecture de Bongor, selon le Parti démocratique du peuple tchadien (PDPT). Cette situation, de toute évidence, renforce la méfiance envers le parti au pouvoir, le Mouvement patriotique du salut (MPS).
Un contexte géopolitique et sécuritaire complexe
D’autre part, ces élections se déroulent dans une conjoncture marquée par de multiples défis. En effet, le Tchad fait face non seulement aux attaques répétées de Boko Haram, mais également à une ingérence supposée dans le conflit soudanais voisin, ainsi qu’au retrait progressif des forces françaises après la rupture de l’accord de coopération militaire. De plus, le contexte interne s’avère fragile. Les tensions liées à l’instabilité climatique affectent aussi bien les populations nomades que sédentaires.
Des militaires et nomades aux urnes anticipées
De manière anticipée, pour des raisons logistiques, militaires et nomades ont voté dès le 28 décembre. Ces derniers, souvent marginalisés, espèrent que leurs voix permettront d’améliorer leurs conditions de vie, qui se détériorent progressivement. Quant aux militaires, ils participent à cet examen qu’ils considèrent comme un devoir patriotique.
Quelles perspectives pour le Tchad ?
L’examen de ce dimanche devrait permettre de restaurer une Assemblée nationale dissoute depuis 2011 et de mettre fin à une transition politique controversée. Si le régime actuel promet un « retour à l’ordre constitutionnel », l’opposition, quant à elle, doute que ces élections marquent un véritable changement. Par conséquent, le faible taux de participation attendu et la domination probable des candidats alignés sur le président Mahamat Idriss Itno risquent de limiter l’impact de ce processus sur la démocratisation du pays.