L’élection présidentielle tchadienne du 10 avril dernier a permis à Idriss Déby de rester au pouvoir, lui qui est arrivé à la tête de son pays le 2 décembre 1990, à la suite d’un coup d’Etat militaire soutenu par la France. Mais ses 60,6 % des voix acquises au premier tour n’ont pas convaincu tout le monde… Et l’Internationale socialiste vient de critiquer cette cinquième élection consécutive.
La réélection pour un cinquième mandat consécutif du Président Idriss Déby, le 10 avril 2016, n’a pas fait couler beaucoup d’encre. A croire qu’elle était d’avance acceptée, le chef de l’Etat tchadien s’étant imposé au cours des dernières années comme une sorte de « gendarme du Sahel », à la pointe du combat contre les terroristes sympathisants de Daech ou de Boko Haram…
Ainsi les grandes puissances n’ont-elles pas bronché en constatant sa réélection au terme d’une campagne bien peu démocratique… Dont l’issue paraissait jouée d’avance. Deux poids, deux mesures : élu deux mois auparavant, au premier tour sur un score comparable, Denis Sassou N’Guesso, qui n’en est pourtant lui qu’à son troisième mandat, et compte moins d’années au pouvoir, avait vu les chancelleries occidentales s’émouvoir de sa réélection. Pourtant les élections congolaises avaient été réellement disputées, occasion d’une vraie confrontation entre des personnalités diverses.
L’Internationale socialiste ne porte pas sur l’élection tchadienne un regard aussi indulgent que les Etats occidentaux : pour elle, qui rassemble plusieurs branches sympathisantes sur le continent africain, le dernier scrutin au Tchad n’était « ni libre, ni juste, ni transparent ». Un point de vue qu’exprime avec clarté Chantale Kambiwa, vice-présidente de l’Internationale socialiste:
« Il y a eu des rapports qui ont prouvé que les élections au Tchad n’étaient pas justes, pas transparentes, pas équilibrées. Donc, l’Internationale socialiste pense que les élections n’étaient pas ce qu’elles devaient être, l’Internationale socialiste a demandé à ce que le gouvernement tchadien puisse dialoguer avec son opposition pour préserver la paix dans la région. Nous avons demandé à ce que l’opposition continue à réclamer la démocratie au Tchad de façon institutionnelle et pacifique. »
Sur ce point au moins, les recommandations de cette association internationale devraient être suivies : le dialogue inclusif qui a été engagé au Tchad après les élections paraît plus ouvert que le jeu électoral lui-même. Comme quoi, une fois son pouvoir assuré, Idriss Déby sait comment s’y prendre pour le légitimer. Mieux vaut tard que jamais?