Christiane Taubira va diriger une mission française destinée à relancer le processus de négociation des Accords de partenariats économiques entre l’Europe et les pays d’Afrique, de la Caraïbe et du Pacifique (ACP). La députée de Guyane, qui avait refusé d’intégrer le gouvernement du premier ministre François Fillon, assure que sa démarche n’a rien à voir avec une « logique d’ouverture ».
Christiane Taubira travaille main dans la main avec le président français Nicolas Sarkozy. La députée de Guyane a accepté une mission concernant les Accords de partenariats économiques (APE) qui devaient lier au 1er janvier 2008 l’Union Européenne (UE) et les 77 pays de la zone Afrique, Caraïbe, Pacifique (ACP). Les négociations sur les APE sont bloquées car plusieurs des anciennes colonies européennes dénoncent, tout comme certaines ONG de l’UE, le caractère inéquitable des dits accords. Ils craignent notamment que leur passage d’un régime préférentiel aux APE fragilise encore plus leur économie.
Christiane Taubira avait rappelé ces problèmes fin janvier au ministre des Affaires Européennes. « Lors d’une rencontre avec le Secrétaire Général de l’Elysée à la mi-février, Christiane Taubira a accepté le principe d’une mission qui contribuerait à une réflexion rénovée sur les rapports ACP/UE et permettrait à la France, dès son accession à la présidence du Conseil de l’Union Européenne au 1er juillet, de prendre des initiatives pour relancer les négociations sur les APE », indique un communiqué daté du 21 avril publié sur le site de la première vice-présidente du Parti radical de gauche.
« Pas du tout dans une logique d’ouverture »
L’engagement de Christiane Taubira aux côtés du gouvernement pourrait surprendre. Elle avait en effet refusé de rejoindre l’équipe du premier ministre François Fillon. A-t-elle finalement succombé à la politique d’ouverture prônée par Nicolas Sarkozy ? « Je ne suis pas du tout dans une logique d’ouverture. (…) Je travaille pour que la présidence française de l’Union européenne réussisse sur cette question », a assuré l’intéressée à l’agence d’information Associated Press. Une question que l’énergique politicienne devrait maitriser : en tant que députée européenne, elle fut membre de la Commission du développement que Bernard Kouchner, actuellement ministre des Affaires Etrangères, a présidée de 1994 à 1999.
Christiane Taubira aura pour mission de débloquer le processus des négociations et de « réfléchir aux moyens de faire des accords de partenariats économiques (APE), qui tendent à devenir un sujet de contentieux, un atout et un instrument rénové du partenariat entre l’UE et les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) », explique un communiqué de la présidence française.
Le document précise qu’il sera entre autres question de trouver comment « restaurer une relation de confiance entre l’UE et les ACP », « faire en sorte que ces accords viennent à l’appui des dynamiques d’intégration régionale en cours et qu’ils soient réellement porteurs de développement » et « s’assurer que les départements et les pays et territoires d’outre mer français tirent le meilleur profit de cette nouvelle donne économique et commerciale ». Christiane Taubira devrait rendre son rapport le 15 juin.
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