L’islamologue Tariq Ramadan doit comparaître à Genève à partir de ce lundi. Celui dont les prêches musulmanes ont séduit à travers le monde, est poursuivi pour viol et contrainte sexuelle. Une affaire qui remonte à plus de 14 ans, et pour laquelle Tariq Ramadan conteste toujours les accusations.
La plaignante suisse a, dans ses déclarations, assuré que l’islamologue l’a soumise à des actes sexuels brutaux. Ce n’est pas tout, il a aussi été question de coups et d’insultes, au cours de cette fameuse soirée du 28 octobre 2008. Les faits se seraient produits dans une chambre d’hôtel situé près de la gare Cornavin, à Genève, en Suisse.
Dans une chambre d’hôtel en Suisse
Dans cette affaire, Tariq Ramadan, citoyen suisse d’origine égyptienne, avait été entendu le 16 juillet 2020, à Paris. Ce, sur plainte de Brigitte, un nom d’emprunt visant à protéger la plaignante. A l’époque, l’islamologue était frappé d’une interdiction de quitter le territoire français, car il fait également l’objet d’enquêtes pour viols sur plusieurs femmes en France.
Il est soupçonné de viols commis entre 2009 et 2016 sur quatre femmes. Le parquet de Paris a requis son renvoi devant les assises, même s’il conteste là aussi les accusations. Les juges d’instruction chargés des investigations doivent voir s’ils vont ou non ordonner un procès. Pour le procès de ce lundi, une Romande l’accuse de l’avoir violée, en 2008, dans un hôtel en Suisse.
Brigitte « est entreprenante de A à Z »
Les faits. Tariq Ramadan relève que la plaignante lui a écrit en premier, après un contact lors d’une séance de dédicace, puis un festival. Après des semaines d’échanges de messages, l’islamologue lui propose un café dans son hôtel. Les deux se rencontrent, le mardi 28 octobre 2008. Après près de deux heures d’échanges, ils se retrouvent dans la chambre 511.
Selon RTS, qui a eu accès au dossier, Tariq Ramadan a expliqué aux enquêteurs que Brigitte a demandé à aller dans la salle de bains d’où elle sort avec longue nuisette. « Elle est entreprenante de A à Z. Elle vient s’asseoir à côté de moi, sur le lit. Et là, on reste un tout petit moment sur le lit à discuter. Il y a un échange, un jeu. Et là, elle commence à m’embrasser », explique l’islamologue aux enquêteurs.
« Il avait changé de visage, d’attitude »
Tariq Ramadan dit être entré dans cette relation qu’il accepte. Et qu’au bout de 10-15 minutes, il décide de s’arrêter. Version contraire à celle de Brigitte, qui, lors de la confrontation du 16 septembre 2020, à Paris, évoque des violences subies. « Il s’est baissé pour brancher ou débrancher quelque chose. Quand il s’est relevé, il avait changé de visage, d’attitude. Ce n’était pas la même personne. Il m’a poussée sur le lit en me tombant dessus », relate-t-elle.
Tariq Ramadan « avait la mâchoire serrée, les yeux un peu plissés, l’air dur », raconte la plaignante. « Il se met à califourchon sur moi, il me donne des gifles », poursuit-elle. « Je n’entends plus rien, je ne vois plus rien. Quoi que je dise, quoi que je fasse, ça ne changera rien… J’ai vraiment pensé qu’il allait me tuer, m’achever à force de taper », a témoigné Brigitte.
Tariq Ramadan raconte-t-il des histoires ?
La fille passera toute la nuit dans la chambre de Tariq Ramadan, d’où elle ne repartira qu’au petit matin. L’islamologue décrit son comportement froid durant cette soirée, révélant que Brigitte a tenté, à deux reprises, de se rapprocher de lui. Pour le procureur français Adrian Holloway, l’islamologue raconte des histoires. Convaincu qu’il y a eu trois viols dans la chambre et une contrainte sexuelle.
C’est dans ce contexte que Tariq Ramadan a été renvoyé devant le Tribunal correctionnel. Il risque jusqu’à dix ans de prison. Verdict attendu le 24 mai pour savoir s’il est coupable de viol ou non. D’ores et déjà, l’islamologue, qui se dit innocent, a demandé le dépaysement de la procédure instruite à Paris. Il accuse la juge d’instruction d’avoir voulu influer sur les investigations en Suisse.