Le chef du principal parti d’opposition tanzanien Chadema, Tundu Lissu, a déclaré qu’il craignait pour sa vie après avoir perdu une élection très controversée qui, selon les observateurs, a effectivement transformé le pays d’Afrique de l’Est en un État à parti unique.
Le Président tanzanien, John Magufuli, a remporté l’élection le 30 octobre avec 84% des voix, contre 13% pour Tundu Lissu, bien que l’opposition ait allégué l’intimidation et la corruption généralisées des électeurs. Lissu a également été brièvement détenu par la police, plus tôt la semaine dernière, après avoir appelé à une manifestation nationale.
S’exprimant depuis la résidence de l’ambassadeur d’Allemagne Regine Hess, à Dar es Salaam, où le candidat à la présidence s’est enfui lundi, Lissu a déclaré qu’il avait été poursuivi par des policiers tanzaniens et qu’un ordre de le tuer avait déjà été émis. « Je vis dans la résidence de l’ambassadeur parce que ma vie n’est pas en sécurité. Depuis samedi dernier, je reçois des messages menaçant ma vie. J’ai donc quitté mon domicile depuis dimanche. Lundi, je suis allé à l’ambassade. J’ai été suivi par des policiers tanzaniens qui se trouvaient dans deux véhicules. J’ai été arrêté et emmené au commissariat central. Sans la présence de fonctionnaires de l’ambassade d’Allemagne, je ne serais probablement pas rentré ce jour-là chez moi », a-t-il indiqué.
« Samedi, j’ai été appelé par quelqu’un qui ne s’est pas identifié. Il m’a dit, « selon les ordres qui nous ont été donnés, nous devons vous achever une fois pour toutes ». Et peu de temps après, j’ai reçu un appel d’une autre personne. Il m’a dit le même message: qu’un ordre pour m’achever a été émis: « Donc, si vous pouvez vous sauver, faites-le », a également déclaré Tundu Lissu, avant d’ajouter : « Je serai ici jusqu’à ce que ma sécurité soit garantie. Je n’aime pas rester ici. Je n’ai rien à faire ici », a confié l’opposant.
« Je suis une personne occupée avec beaucoup de choses à faire. Je veux donc partir d’ici le plus vite possible et malheureusement, je ne peux pas savoir quand cela peut arriver. Parce que ceux qui sont censés assurer ma sécurité ne semblent pas vouloir prendre leurs responsabilités, pour que je sois en sécurité, une fois dehors. Parce que depuis que je suis venu ici, des ambassadeurs de différents pays interpellent le gouvernement de la Tanzanie, lui faisant savoir que ce qui se passe n’est pas juste. Et jusqu’à présent, ces efforts n’ont pas abouti ».
Âgé de 52 ans, Tundu Lissu a survécu à une tentative d’assassinat en 2017, après avoir été touché plusieurs fois dans sa voiture. Il est retourné en Tanzanie, cet été, pour participer aux élections de la semaine dernière après avoir passé trois ans à se rétablir en exil. Il avait récemment vécu en Belgique. « Je retournerai en Belgique car la situation sécuritaire à l’heure actuelle n’est pas du tout rassurante. Ces menaces sont des choses que je dois prendre au sérieux et leur accorder un poids et une considération particuliers », souligne-t-il.