En Tanzanie, une nouvelle figure de l’opposition, Aisha Machano, porte-parole de l’aile féminine du parti Chadema, a été enlevée le 19 octobre à Kibiti, dans l’Est du pays. Une préoccupation pour l’opposition d’autant que le pays est dirigé par une femme.
Ce jour-là, des hommes en civil, se présentant comme policiers, ont emmené Aisha Machano dans une forêt, où elle aurait subi des actes de torture et a été dénudée, selon ses déclarations. « Des chauffeurs de motos-taxis l’ont trouvée dans un état grave et en grande souffrance », a rapporté le Chadema sur X. La police a annoncé l’ouverture d’une enquête.
Aisha Machano attribue cet acte de violence à une récente manifestation organisée par les femmes du Chadema, au cours de laquelle elles ont brûlé un tissu offert par la Présidente Samia Suluhu Hassan. La manifestation visait à protester contre les disparitions forcées de membres de leur parti. La figure de l’opposition avait conduit cette manifestation symbolique.
Aisha Machano grièvement blessée
Et selon sa collègue Catherine Ruge, Aisha Machano paie aujourd’hui le prix de son engagement. « Avoir organisé cette manifestation a été son erreur. Cela se manifeste clairement dans la façon dont ses ravisseurs l’ont interrogée et torturée. Ils ont tenté de la forcer à révéler le nom du responsable au sein de Chadema qui avait appelé à l’interdiction des tissus proposés par la Présidente », a indiqué Catherine Ruge.
« Aisha a répondu : ‘Ce ne sont pas nos leaders qui ont voulu cette manifestation, mais toutes les femmes qui se sont mobilisées pour exprimer leur colère face aux disparitions de leurs proches.’ Elle a été grièvement blessée. Cet incident me choque car il s’agit d’un gouvernement dirigé par une femme présidente qui commet des actes de violence contre une autre femme », a-t-elle poursuivi.
Violence contre les femmes dans un pays dirigé par une femme
« Cela résonne d’autant plus fortement sous l’ère de John Magufuli, où de tels actes de violence à l’encontre des femmes n’étaient pas courants. À ce jour, nous n’avons pas entendu un seul mot d’excuse de la part de Son Excellence Samia Suluhu Hassan », a ajouté Catherine Ruge. A son arrivée au pouvoir, en mars 2021, Samia Suluhu Hassan avait affiché des signes d’ouverture démocratique.
La nouvelle Présidente de Tanzanie avait, en effet, rétabli rapidement des médias interdits. Cependant, ces derniers mois, la Présidente fait face à de vives critiques, qui l’accusent de renouer avec les pratiques autoritaires de son prédécesseur, John Magufuli, à l’approche des élections locales de novembre et générales prévues fin 2025.