Le gouvernement tanzanien a décidé, ce mercredi 14 janvier 2015, d’interdire la pratique de la sorcellerie pour protéger les albinos victimes d’attaques liées à des croyances, attribuant à leurs organes des vertus magiques.
Le gouvernement tanzanien durcit le ton face aux violences régulières dont sont victimes les albinos. Il a décidé, ce mercredi, d’interdire la pratique de la sorcellerie pour tenter d’endiguer les attaques contre les albinos, victimes de croyances attribuant des vertus magiques à leurs organes. « La décision a été annoncée mardi. Ces prétendus sorciers ont une part de responsabilité dans les agressions contre les albinos », selon le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Isaac Nantanga. D’après lui, « le ministre de l’Intérieur, Mathias Chikawe, a annoncé le lancement, dans deux semaines, d’une opération spéciale pour en finir avec les meurtres d’albinos ».
Selon le porte-parole du ministère de l’Intérieur, « les préparations de l’opération sont en cours », expliquant qu’elle « serait menée par la police avec l’aide des autorités locales et des membres de la Société tanzanienne des albinos (Tanzania Albino Society TAS) ». L’opération « En finir avec les meurtres d’albinos » va d’abord cibler, selon le porte-parole, les provinces les plus touchées, à savoir Mwanza, Geita, Tabora,Simiyu et Shinyanga, dans le nord.
Enlèvement récurent d’albinos
Le ministre de l’Intérieur s’est en personne exprimé sur la question : « Nous voulons en finir avec les meurtres d’albinos, l’opération passera partout, des mesures seront prises contre tous les suspects et le procureur général accordera la priorité à ces affaires ». Une mesure qui intervient après l’enlèvement, en Tanzanie, d’une fillette albinos de quatre ans, fin décembre. La petite victime, Pendo Emmanuelle Nundi, a été enlevée le soir du 27 décembre dans le district de Kwimba (province de Mwanza) par des inconnus armés de machettes qui avaient auparavant neutralisé son père. Quinze suspects, dont son père et deux de ses oncles, ont été arrêtés.
Le coordinateur des organisations du système des Nations Unies en Tanzanie, Alvaro Rodriguez, s’était dit préoccupé par cet enlèvement, demandant aux autorités tanzaniennes de faire de cette affaire « la plus haute priorité » promettant l’aide de l’ONU. Pas plus tard qu’en août dernier, au moins quatre albinos ont été victimes d’agressions, en moins de deux semaines, en Tanzanie. Et selon l’ONU, depuis 2000, plus de 70 albinos ont été tués dans ce pays d’Afrique de l’Est.