Tanzanie : Internet rose contre hommes en noir


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Drapeau de la Tanzanie
Drapeau de la Tanzanie

Les censeurs religieux tanzaniens ont du souci à se faire : les jeunes, paraît-il, épuisent leur candeur en consultant des sites Internet pornographiques. Mais personne, au-delà des grandes phrases, ne sait trop comment agir pour les en empêcher.

Cédant aux instances des autorités religieuses chrétiennes de son pays, le président tanzanien Benjamin Mkapa vient de s’engager dans une croisade contre la pornographie sur Internet « et ses effets sur le moral des jeunes gens ». La Commission tanzanienne de la communication (TCC), à laquelle a été confiée la mise en oeuvre de cette politique, s’est bornée pour l’instant à rappeler la difficulté technique de la tâche. On ne censure pas un site Internet comme un journal écrit, pas même dans un pays qui a déclaré la pornographie illégale et ne manque pas une occasion de le rappeler.

Etroitement corsetée sur le plan moral, la Tanzanie s’est dotée en 1976 de deux lois (le Newspaper registration act et le Films and Plays act) qui permettent à l’Etat de superviser, de censurer et, au besoin, d’interdire les journaux et les spectacles ne correspondant pas à sa conception de la décence. C’est ainsi que quatre magazines ont été interdits en 1998, pour « sensationnalisme et pornographie ».

L’Internet, sa régulation presque impossible et sa profusion d’images de toutes sortes font évidemment voler en éclats cet arsenal juridique.

Pin-ups électroniques

Environ 100.000 Tanzaniens * fréquentent régulièrement la Toile, sur une population totale de 30 millions d’habitants. Près de la moitié de ces Internautes se connectent en-dehors de leur travail ou de l’université, pour l’essentiel dans la centaine de cybercafés répartis dans les villes principales.

Ces derniers ont compris le parti commercial qu’ils pouvaient tirer de l’Internet rose dans le pays. Le clergé incrimine notamment la mise à disposition de postes informatiques isolés par des rideaux, et préservant ainsi l’intimité des internautes.

Pritesh Gajjar, un fournisseur d’accès interviewé vendredi par la BBC, reconnaît pour sa part qu’une censure des sites pornographiques causerait du tort à l’Internet tanzanien. Mais c’est pour ajouter aussitôt que la tâche est impossible à ses yeux.

Comme souvent quand il est question d’ordre moral, les religieux tanzaniens agitent enfin la menace de la perte d’identité : « La plupart des sites porno sont occidentaux. Ils remettent en cause notre façon de vivre en Africains. » A ceux-là, les patrons de cybercafés rétorquent que l’Etat ferait mieux d’investir dans des contenus éducatifs tanzaniens que de faire une chasse illusoire aux pin-ups électroniques.

* Statistique délivrée au sommet de Banjul en août 2000

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